Gloire tardive · Arthur Schnitzler

Cette longue nouvelle m’a été offerte l’année dernière par Eva et Patrice, il était temps que je la lise!

Gloire tardive (1894) du médecin, dramaturge et écrivain autrichien Arthur Schnitzler (1862-1931) est une nouvelle inédite qui n’a été publiée que récemment. Au moment de l’Anschluss en 1938, elle se trouvait dans l’un des huit cartons d’archives de toutes sortes ayant pu être sauvés in extremis des nazis grâce au concours du Consulat britannique à Vienne.

La vie tranquille et sans histoires du vieux fonctionnaire viennois Edouard Saxberger bascule lorsqu’un jeune poète inconnu se présente chez lui un soir pour lui exprimer, au nom du cercle littéraire « la jeune Vienne », sa très vive admiration pour l’unique recueil de poésie qu’il a écrit trente ans plus tôt. Tout d’abord très surpris, le vieil homme se laisse par la suite convaincre de rencontrer puis d’intégrer le « cercle de jeunes écrivains qui se tiennent à l’écart des sentiers battus ».

« L’allégresse de ces jeunes gens lui apparaissait comme l’accomplissement différé de maintes espérances dont il avait fiévreusement attendu la réalisation plusieurs décennies auparavant et qui s’étaient peu à peu diluées dans la grisaille de sa vie quotidienne. »

Au fil des jours et des semaines, le vieux fonctionnaire se métamorphose. Au contact de ces jeunes écrivains ambitieux qui le portent aux nues, il se surprend à espérer de nouveau. La gloire qui lui avait fait si cruellement défaut à l’époque serait-elle enfin au rendez-vous?

A travers les tribulations d’un vieil homme en quête de renaissance et de gloire, Arthur Schnitzler se penche sur le temps qui passe inexorablement et la façon dont le regard extérieur altère et falsifie la perception de soi. Il se moque par ailleurs du microcosme artistique dans lequel évolue l’ancien fonctionnaire désormais « maître » et « poète émérite », un monde faux infesté de jeunes requins aux dents qui rayent le plancher.

Alors que je boude les classiques depuis vingt ans, j’ai été agréablement surprise par Gloire tardive dont j’ai beaucoup apprécié l’atmosphère, le comique de certaines scènes, la fluidité et la précision de l’écriture. Ma première rencontre avec Arthur Schnitzler et certainement pas la dernière!

Note : 4 sur 5.
Le livre de poche, octobre 2017, 192 pages.

Später Ruhm (1894)
Trad. Bernard Kreiss


Lu dans le cadre du mois thématique Les feuilles allemandes

13 réflexions au sujet de “Gloire tardive · Arthur Schnitzler”

    1. Je te crois. J’ai fait un blocage avec les classiques français surtout, trop de lectures imposées qui ont été un vrai calvaire. J’ai toujours aimé les classiques anglais par contre, j’en ai lu beaucoup pendant mes études mais plus jamais depuis. C’est dommage. Puis, ces deux dernières années j’ai lu et beaucoup aimé deux Hans Fallada; peut-être que grâce aux auteurs germanophones je reviendrai aux Français… Tout espoir n’est peut-être pas encore perdu.

      Aimé par 1 personne

    1. Il est très court et se lit très bien.
      Tu as fait un beau virage, on en voit de plus en plus chez toi depuis quelques temps! Je ne peux clairement pas dire « vive les classiques » mais j’ai envie d’en lire certains ces prochains mois. Affaire à suivre.

      J’aime

  1. J’aurai pu écrire ce billet ! J’ai lu Gloire tardive l’an passé, avec Eva et Patrice. Ce fut également une première lecture de l’auteur et une agréable surprise. J’ai tant dans ma pile pour Les feuilles allemandes que je n’ai pas pris le temps de choisir un autre titre. Ce sera donc pour l’année prochaine ( enfin, je crois ).

    Aimé par 1 personne

      1. Oui, c’est un avantage ! Surtout qu’avec La huitième vie, j’ai repris goût aux pavés, je viens d’acheter Portrait de femme d’Henry James, je ne vais pas tarer à le commencer je pense. Il faudra bien quelques lectures courtes pour alterner ! – je lis presque toujours deux livres en même temps

        J’aime

Laisser un commentaire