Les Sacrifiés · Sylvie Le Bihan

Les Sacrifiés (2022) inaugure la quatrième édition du Prix littéraire du LàC à laquelle je participe une nouvelle fois avec grand plaisir en tant que jurée. Le thème de cette nouvelle édition ? La passion, sous toutes ses formes.

Si je la connaissais de nom, je n’avais encore jamais lu la romancière française Sylvie Le Bihan (1965) et sans le Prix je ne l’aurais sans doute jamais lue, ce qui aurait été dommage. Les Sacrifiés, en effet, est une fresque historique captivante, aussi passionnée que passionnante, dans laquelle nous plongeons dans l’Espagne intellectuelle et artistique des années 1930 avec en toile de fond la Guerre civile et la Deuxième Guerre mondiale.

A l’origine de Les Sacrifiés se trouve Chant funèbre pour Ignacio Sánchez Mejías, l’un des poèmes les plus connus du poète espagnol Federico García Lorca (1898-1936) écrit en hommage à son ami, le célèbre toréro andalou Ignacio Sánchez Mejías (1891-1934). Dans son cinquième roman, Sylvie Le Bihan s’est emparée de la courte mais non moins intense destinée de ces deux hommes pour écrire un roman captivant autour, entre autres, de la tauromachie, de la littérature, du chant et de la danse, ce dernier domaine artistique étant incarné par la flamboyante compagne du toréro, la chanteuse et danseuse de flamenco hispano-argentine Encarnación López Júlvez (1889-1945), plus connue sous son nom d’artiste, La Argentinita.

Si ce trio de personnages forme le noyau du roman, leur vie nous est relatée à travers le regard du jeune gitan Juan Ortega dont le nom inspire le respect car synonyme de l’histoire andalouse. Engagé comme cuisinier personnel d’Ignacio Sánchez Mejías à l’âge de quinze ans, il deviendra un témoin privilégié de la vie pleine d’excès du torero qu’il suivra de Grenade à Madrid en passant par Séville ou Barcelone, New York et Paris mais également de celles d’Encarnación et de Federico qu’il fréquentera de façon plus ou moins rapprochée jusqu’à leur fin tragique.

Les Sacrifiés est un roman passionnant, bien écrit et documenté, qui met en exergue de façon précise et très convaincante le contexte à la fois artistique et politique de l’Espagne des années 1920 et 1930. Sylvie Le Bihan se penche ainsi sur le pouvoir de l’art en tant qu’instrument de lutte contre l’oppression et revient sur les années les plus noires de l’histoire espagnole qui ont vu le pays se déchirer et provoquer l’exil de près d’un demi million de républicains.

Si les chapitres se déroulant à Paris au tout début des années 2000 m’ont semblé quelque peu superflus et donc nettement moins convaincants, j’ai en revanche été grandement captivée par la plongée historique, artistique et politique dans l’Espagne des années 1920 et 1930. Les Sacrifiés est un très beau roman porté par quatre personnages passionnés qui n’ont pas hésité à se sacrifier pour leurs idéaux.

Note : 4 sur 5.
Denöel, août 2022, 384 pages.

2 réflexions au sujet de “Les Sacrifiés · Sylvie Le Bihan”

    1. Oui, d’autant plus belle que je ne me penche que rarement sur des livres écrits par des auteurs français (excepté sur ceux de mes quelques auteurs chouchou). Je préfère de très loin la littérature étrangère mais reste malgré tout fidèle à ce Prix littéraire genevois (100% littérature française et dans une moindre mesure suisse) car il a le mérite de me sortir de ma zone de confort et m’a, depuis quatre ans, permis de faire quelques très belles découvertes.

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