Après Les Sacrifiés de Sylvie Le Bihan et Clara lit Proust de Stéphane Carlier, voici La Malédiction de la Madone (2022), le troisième titre sélectionné dans le cadre du Prix littéraire du LàC. Un roman inspiré de faits réels dont je n’ai fait qu’une bouchée!
C’est avec son dernier roman, le douzième déjà, que j’ai découvert le romancier et essayiste français Philippe Vilain (1969), par ailleurs professeur de littérature française à l’Université de Naples. La Malédiction de la Madone (2022) est à la fois l’histoire d’une vengeance passionnelle et une formidable plongée dans la Naples des années cinquante.

Assunta Maresca (1935-2021), surnommée Pupetta (poupée) en raison de la délicatesse de ses traits, est la seule fille d’un camorriste de Materdei, un quartier dangereux de Naples gangrené par le chômage et la violence. Eduquée à la dure par un père très autoritaire, guidée par la religion et en particulier par la Madone, Pupetta n’en a pas moins développé un caractère très fougueux. Son père peut ainsi tout lui interdire mais « jamais il ne réussirait à éteindre le feu en elle, sa vitalité débordante, son goût de la liberté. » Aussi, si elle est pleinement consciente de l’injustice du sort des femmes, elle craint moins le mariage que le fait de se voir imposer un mari qu’elle n’aime pas.
Le destin de Pupetta bascule en 1954 lorsque, à la faveur d’un week-end en famille à Roviglia, elle fait la connaissance d’un trentenaire « à l’élégance mafieuse ». Surnommé Le Colosse, Pasquale Simonetti est un boss de la Camorra en pleine ascension, « un seigneur du crime, justicier et généreux » dont le prestige et le charisme séduisent Pupetta. Et ce n’est pas la funeste mise en garde de sa mère – « ou bien il ira en prison, ou bien il mourra » – qui l’empêchera quelques mois plus tard de se marier avec cet homme qu’elle aime passionnément. Son bonheur sera toutefois de courte durée puisque à vingt ans seulement, Pupetta sera enceinte et déjà veuve.
Philippe Vilain non seulement brosse un portrait très vivant d’une jeune Napolitaine passionnée et courageuse devenue une véritable légende après la mort de son mari mais nous plonge également de façon très immersive dans la Naples des années cinquante, une ville pleine de contrastes aussi fascinante que dangereuse.
« Naples est horriblement belle, indécente et négligée, belle de sa saleté. La ville ne s’était pas guérie de la guerre. Avec ses chantiers ouverts, jamais achevés, elle semblait un champ de bataille infini où les civils avaient remplacé les militaires. Seules les églises, pour celles qui n’avaient pas été bombardées, restaient miraculeusement préservées de la dégradation, et les façades de marbre rose, jurant avec celles des palais délabrés, giclaient comme des joyaux sacrés au milieu de la crasse. »
L’auteur décrit de façon captivante le contexte socio-économique tendu de l’après-guerre et retranscrit très bien le climat de terreur régnant dans une ville gangrenée par la criminalité, la misère et le chômage. L’espoir de gagner rapidement de l’argent suscitait des vocations de tueurs et Naples était déchirée par les guerres de gangs et les règlements de compte sanglants.
Il évoque par ailleurs le rôle social très important que revêtait la Camorra à cette époque ainsi que l’importance de la religion pour ses membres. Malgré la violence dont elle faisait preuve au quotidien, l’organisation oeuvrait également grandement au bien-être des pauvres et bénéficiait du soutien et de la bénédiction de l’Eglise. Aucun mafieux n’était athée et être camorriste n’empêchait apparemment pas d’être un bon catholique…
La Malédiction de la Madone fut une belle découverte et j’aurai grand plaisir à relire Philippe Vilain dont j’ai beaucoup apprécié la plume. Mon seul bémol? Que le roman n’ait pas été plus long!

Découverte de l écrivain Philippe Vilain avec son livre la malédiction de la madone.
J ai aimé l écriture fluide ainsi que la description des personnages.
J ai retrouvé le même parfum de Naples que celui que j avais aimé dans l amie prodigieuse.
Je vais aujourd hui à la découverte de vos romans et je suis persuadée de passer de bonnes heures de lecture.
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