Pour cette première incursion à l’Est dans le cadre de la sixième édition du « Mois de l’Europe de l’Est » organisé par Eva et Patrice (Et si on bouquinait?), j’ai voulu mettre le cap sur un pays que je n’ai encore jamais exploré en littérature : la Bulgarie.
Allemagne conte obscène (2023), le deuxième roman de l’auteur et critique musical bulgare Victor Paskov (1949-2009) après Ballade pour Georg Henig (1987), est paru en France en 1991 sous le titre Allemagne conte cruel. Indisponible depuis trente ans, il vient de bénéficier d’une traduction entièrement revue et corrigée.
Dédié « aux amis qui sont morts » et inspiré de la vie de l’auteur, Allemagne conte obscène retrace le cheminement de Viktor Paskov, un jeune Bulgare intrépide et insolent vivotant sans grandes perspectives d’avenir dans la grisaille de la Bulgarie soviétique. Alors que le Printemps de Prague est écrasé en cet été 1968 et que la colère monte à Sofia où se déroule le Festival international de la jeunesse, Viktor se décide à accepter l’invitation de son père à le rejoindre en Allemagne de l’Est où il travaille en tant que musicien dans un théâtre de Freiberg, près de Dresde.
Viktor est enthousiaste à l’idée de se rapprocher de l’Ouest et de bientôt pouvoir, croit-il, goûter au parfum de la liberté. Or, sa difficile condition d’exilé et son statut de « Gastarbeiter » (littéralement « travailleur invité ») met un terme à tous ses espoirs. Comme tous les autres avant lui, il n’échappe pas à la xénophobie, ni à l’oppression et à l’omniprésence de l’idéologie soviétique mais si la chute est très inattendue et brutale, Viktor reste toutefois un frondeur mettant un point d’honneur à faire dignement face à l’adversité. Les insultes pleuvent, les menaces aussi, puis le spectre de la Stasi fait son apparition. Mais contrairement à son père qui joue au « bon étranger » en se couchant à plat ventre devant les Allemands, Viktor résiste encore et toujours.
Allemagne conte obscène est l’histoire d’une cruelle désillusion personnelle racontée avec beaucoup de vivacité -entre sarcasme et humour féroce- dans laquelle l’art occupe un rôle central et, pour certains, salvateur.
« Les mots ‘artiste’ ou ‘musicien’ étaient des mots obscènes en RDA. »
« Etre artiste n’était pas une profession. C’était un diagnostic. »

Traduit du bulgare par Marie Vrinat-Nikolov
Image © Klaus / Pixabay

Allemagne conte obscène
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Le sujet très intéressant, je le note (surtout pour l’ambiance de l’Allemagne de l’Est!). Après avoir lu le dernier paragraphe de ton billet, je pense aussi que ce livre pourrait plaire à Marie-Anne (La bouche à oreilles) 🙂
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Je pense aussi que ce livre pourrait lui plaire. Il aurait sa place dans son « Printemps des artistes ».
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Très belle entrée en matière, merci pour cette chronique ! Je n’avais pas vu que ce livre était ressorti récemment, je n’ai lu de cet auteur que « Ballade pour Georg Henig ». A bientôt ! Patrice
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Sans la masse critique Babelio, je serais passée à côté. « Ballade pour Georg Henig » semble avoir connu un succès retentissant à sa parution en 1987 et être devenu un livre culte en Bulgarie. Je l’ai noté pour une future édition. Je vais aller lire ta chronique.
Bonne journée et à bientôt 🙂
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Un auteur complètement inconnu pour moi, merci pour la découverte, que je note car les auteurs bulgares traduits sont en effet plutôt rares…
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Je l’ai repéré lors d’une masse critique Babelio et j’ai eu la chance d’être tirée au sort. Je me suis noté son premier roman pour une future édition.
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Je ne connaissais pas l’auteur ni aucun autre écrivain bulgare d’ailleurs. Merci !
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@Doudoumatous = je n’ai personnellement lu qu’une écrivaine bulgare, Teodora Dimova, mais elle vaut le détour !
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C’était une première pour moi aussi.
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