En tant qu’amatrice de sagas familiales et historiques je ne pouvais que me réjouir de découvrir Saudade (2022), le deuxième roman de l’autrice franco-portugaise Cristina de Amorim (1977) après Une carte postale du bonheur (2018) que je n’ai pas lu. Malheureusement, ce sixième roman sélectionné pour le Prix littéraire du LàC fut un flop monumental.
Si la quatrième de couverture (ci-dessous) évoquant une jeune femme en quête de ses origines, des secrets de famille et le devoir de mémoire envers les victimes de la dictature de Salazar semblait prometteuse, mon enthousiasme fut de très courte durée.
« Ana est enceinte quand elle doit fuir le Portugal des années 1970, sous la dictature de Salazar. En France, elle est recueillie par Mademoiselle Claudine, mannequin libertine aux idéaux féministes. Trente ans plus tard, sa fille Gorete est devenue une jeune femme libre et indépendante. Mais plusieurs drames vont subitement frapper son existence, obligeant Gorete à faire face à un passé méconnu. Découvrant la signification du mot saudade, « épine amère et douce », la jeune femme se lance dans une quête de ses origines et un devoir de mémoire. De Buenos Aires à Porto, du tango au fado, elle parvient peu à peu à lever le voile sur les secrets de sa famille. Une nouvelle histoire s’écrit. Celle d’hommes et de femmes aux destins croisés, miroirs de plusieurs générations et de la mélancolie joyeuse de tout un peuple« .
Autant le dire tout de suite : pour moi rien ne va dans ce roman. Ni le fond, ni la forme. J’ai été très rapidement gênée par le manque de profondeur caractérisant les chapitres se déroulant dans le passé. L’autrice se contente en effet d’enchaîner de façon très factuelle les phrases et les paragraphes en mentionnant dans les très grandes lignes un certain nombre d’événements et de personnages historiques mais sans jamais développer quoique ce soit. Il en résulte quelques pages très superficielles dénuées de toute atmosphère et finalement d’intérêt.
Quant aux chapitres au présent, ils sont répétitifs et ennuyeux à souhait. La narration à la deuxième personne du singulier n’est guère convaincante -Gorete s’adresse à sa mère dans le coma- et la romance entre la narratrice et son Argentin censé n’être qu’un coup d’un soir est très simplette et d’un ennui abyssal.
En ce qui concerne le style, Saudade est truffé de mots portugais et contient une liste interminable de références littéraires, musicales ou encore cinématographiques qui, jetées par-ci par-là, n’apportent strictement rien au roman. Au contraire, elles ne font que le rendre très agaçant et à en souligner, au fond, sa superficialité. A cette avalanche de références s’ajoute un usage excessif de figures de style souvent poussives ou encore incompréhensibles (« nuits et jours se sont chevauchés dans l’urgence du sablier infernal qui ne cesse jamais de nous cueillir » / « allongée derrière lui dans le creux de l’opacité ») qui alourdissent inutilement le texte et contrastent par ailleurs singulièrement avec la vulgarité de certains mots (« baise », « baiser »). Enfin, la référence explicite (nominale) et tout sauf subtile à Rose et Jack (rappelez-vous: la buée et la main) pour décrire les ébats sexuels de Gorete et son Argentin que l’autrice compare -en plus!- avec « le vent [qui] se lève [et] les branches des arbres décharnés [qui] s’agitent dans la nuit » fut la goutte de trop. Celle qui a fait déborder le vase ou, pour rester dans le thème, celle qui m’a fait quitter le navire avant le naufrage.
Si je n’ai certes lu qu’un tiers du roman, je persiste et signe : Saudade manque cruellement de profondeur et ne convainc ni par le fond ni par la forme. Je suis consciente de la sévérité de mon avis mais je ne peux malheureusement pas écrire autre chose.

Photo © Tim Chelius, Pixabay
Tout à fait d’accord avec toi ! J’ai eu l’impression de lire un Harlequin… Comment a-t-il pu être sélectionné pour le Prix du Làc ?
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Les avis au sein du jury semblent très tranchés, sans entre-deux.
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Bon, bah on va passer… 🙂
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Il ne te plairait pas!
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