Rentrée littéraire 2024 (2) · Depuis mon coup de coeur pour Le train des enfants en 2021, je me précipite sur chaque nouveau roman de Viola Ardone. Le choix m’ayant beaucoup plu également il y a tout pile deux ans, j’attendais avec impatience de retrouver l’autrice napolitaine.
Après Le choix (2022) qui se déroulait dans la Sicile des années soixante et dans lequel il était notamment question d’une loi ancestrale inique allant à l’encontre des droits les plus élémentaires des femmes, Viola Ardone (1974) évoque dans son nouveau roman la Loi 180 ou Loi de Basaglia, nommée d’après le psychiatre italien Franco Basaglia (1924 – 1980), une loi promulguée en 1978 mais dont la mise en œuvre ne fut effective qu’en 1998. En visant la fermeture de tous les hôpitaux psychiatriques et leur remplacement progressif par divers services communautaires, cette loi se trouve, depuis, au coeur de la législation sur la santé mentale en Italie.
Avec Les merveilles (2024), un roman à deux voix et à la temporalité non linéaire alternant entre passé et présent, Viola Ardone nous plonge au coeur d’un asile psychiatrique napolitain du début des années 1980, un lieu abominable dirigé par un psychiatre sadique qu’elle nous présente à travers le regard et le vécu d’une fillette, puis jeune fille, qui est née et a grandi dans « le monde-à-moitié », dans « le monde des fêlés ».
A ce regard à la fois naïf, enfantin, attendrissant et parfois terriblement lucide s’ajoute par la suite celui de Fausto Meraviglia, un psychiatre de septante cinq ans s’étant battu toute sa vie pour le bien-être de ses patients qui, sur le point de mettre fin à sa vie, se souvient avec émotion de son profond attachement à Elba, une fillette prénommée d’après un fleuve par sa Mutti, sa maman originaire de la RDA, « car seuls les fleuves circulent librement ».
L’enfermement et la libération de la parole sont des thèmes chers à Viola Ardone. Dans ce nouveau roman, elle se penche ainsi une nouvelle fois sur le terrible destin de femmes dont la vie, les rêves, le futur, sont brisés par l’extrême violence du patriarcat. Des femmes internées de force, contre leur volonté, au seul motif qu’elles ont osé s’exprimer, s’opposer, briser des tabous. A travers le parcours de Fausto qui fut certes un médecin dévoué mais qui à trop vouloir s’impliquer professionnellement en a oublié sa propre famille, elle évoque par ailleurs la paternité, la complexité des relations familiales et la quête de rédemption.
S’ils ne sont pas bien joyeux, les romans de Viola Ardone ne sont pas dénués de tendresse et la grande noirceur qui s’en dégage parfois est, comme dans Les merveilles, atténuée par la vision et les paroles enfantines ainsi que par une narration très romanesque.
Viola Ardone sur le blog : Le train des enfants / Le choix

379 pages
Grande meraviglia (2023)
Traduit de l’Italien
par Laura Brignon
© Photo, Pixabay
Comme tu t’en souviens peut-être, je n’ai pas été convaincue par Le train des enfants, notamment parce que le narrateur en était, en partie, un enfant. Du coup, j’avoue ne pas être tentée par celui-là, malgré ton enthousiasme évident..
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Je me souviens en effet. Le choix te plairait alors peut-être davantage…
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Le choix me tente davantage pour découvrir cette autrice, mais la question du traitement de la santé mentale est très intéressante aussi. Viola Ardone semble t’avoir convaincue cette fois encore en tous cas.
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Le choix est un très bon choix (🙃) pour découvrir l’autrice. J’espère que tu te lanceras un jour, c’est une autrice que j’apprécie vraiment beaucoup.
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j’aime beaucoup cette auteure et j’espère bien lire ce roman, il sera certainement au programme de mon club de lecture
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Je l’espère vivement!
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Je n’avais pas repéré cette fameuse Viola Ardone dont le nom a dû se noyer au milieu de toutes ces nouveautés qui paraissent chaque semaine et encore plus lors des rentrées littéraires,^^ mais un tel coup de coeur auteur ne peut que m’intriguer ! Je vais y regarder de plus près.
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J’ai un faible pour les autrices italiennes alors je suis généralement à l’affût des nouvelles parutions.
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Je n’ai pas encore abordé cette autrice et je ne sais pas si j’aurai le temps de le faire vu l’avalanche de parutions.
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Rien ne presse mais j’espère que l’occasion finira par se présenter.
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Je ne connaissais pas Viola Ardone mais je ne suis pas très calée en littérature italienne. J’ajoute donc son nom à la longue liste des écrivains à découvrir
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C’est une autrice qui vaut le détour selon moi. Elle se focalise sur la 2ème moitié du XXème siècle en Italie pour aborder des sujets de société très intéressants tout en les présentant de façon très romanesque. Libre à chacun ensuite de faire quelques recherches supplémentaires…
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