Longue marche · Bernard Ollivier

Lectrice certes mais également voyageuse et marcheuse du dimanche passionnée, j’avais envie, pour fêter mon deux centième billet publié ici, de mettre à l’honneur le premier volet d’une série de récits de voyage qui m’avait enthousiasmée il y a quelques années.

Traverser l’Anatolie (2012) est le premier tome de la quadrilogie Longue marche, un récit passionnant relatant une formidable aventure sportive et humaine. Je reprends ci-dessous le billet que j’avais publié il y a bien longtemps sur instagram et babelio.

« J’ai vécu l’an passé en Turquie des moments magiques, de ces fragiles instants où règne entre soi et le monde une telle harmonie que l’on se prend à regretter de ne pouvoir suspendre le temps. Des moments fugitifs et vifs comme des vols d’étourneaux, dérobés à l’absurdité de nos vies d’hommes, qu’il fait bon se remémorer quand la tristesse revient. » 

Suite à une première grande marche l’ayant mené de Paris à St-Jacques de Compostelle en 1998, Bernard Ollivier, journaliste politique et économique fraîchement retraité, se lance l’année d’après le défi de parcourir seul et à pied l’antique et mythique route de la Soie, d’Istanbul à Xi’an. Ces 12’000 km se feront en plusieurs étapes et sur plusieurs années et ont donné lieu à la série Longue Marche. Traverser l’Anatolie en est le premier tome et retrace les quelques 1700 km de son périple à travers la Turquie et le Kurdistan turc.

Désireux d’être au plus proche de l’atmosphère, des traditions et du mode de vie des anciens caravaniers et marchands, Bernard Ollivier décide de suivre le tracé de la route de la soie en évitant les grands axes pour privilégier la campagne, les steppes et les villages.

Malgré les nombreuses et belles rencontres qu’elle permet, la marche se révèle aussi et avant tout être un voyage solitaire, un face à face avec soi-même, une sorte de voyage initiatique. Propice à la réflexion, elle donne immanquablement lieu à des questionnements philosophiques sur le sens de la vie, du voyage, des rencontres et des relations humaines. Le récit est par ailleurs souvent agrémenté de considérations culturelles et historiques mais également politiques puisque le périple de Bernard Ollivier en Turquie coïncide avec le procès et la condamnation en 1999 du leader kurde Abdullah Öcalan.

Si son voyage est la plupart du temps orienté par un regard émerveillé, sensible et bienveillant, Bernard Ollivier raconte aussi avec beaucoup d’honnêteté les problèmes et les dangers liés à une telle entreprise. Au problème de l’orientation (malgré ses trois kilos de cartes -pas toujours très précises-, il se trompe souvent de chemin) s’ajoutent celui de la langue, son « île déserte du langage », les arnaques et les brigandages dont il s’offusque avec véhémence et surtout les problèmes de santé qui lui minent terriblement le moral. Mais en marcheur et voyageur tenace, il s’accroche, encore et toujours. Jusqu’à ce qu’il n’ait plus le choix.

Cette lecture a été absolument captivante. Quelle belle bouffée d’oxygène et surtout quelle magnifique aventure humaine!

Note : 5 sur 5.
Libretto, 368 pages, mai 2012.



© Khusen Rustamov – Pixabay

12 réflexions au sujet de “Longue marche · Bernard Ollivier”

    1. Oui, moi aussi. C’est un récit d’une telle richesse, un vrai bonheur de lecture et d’évasion. Dans un autre style, j’ai beaucoup aimé aussi « Wild » de Cheryl Strayed et « Les alpinistes de Staline » de Cédric Gros, que tu apprécies aussi si je me souviens bien.

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