Homesman · Glendon Swarthout

Glendon Swarthout figurait sur ma liste d’auteurs à découvrir depuis la parution de Bénis soient les enfants et les bêtes en 2017. J’ai finalement commencé par Homesman et ce fut une très belle entrée en matière, j’en redemande!

Glendon Swarthout (1918-1992) est l’auteur de seize romans de genres variés dont neuf ont été portés à l’écran. Publié initialement en français sous le titre Le chariot des damnés (1992), Homesman fut réédité en 2014 dans une nouvelle traduction intégrale chez Gallmeister avant de sortir en poche en janvier 2021. Le roman a par ailleurs été adapté au cinéma en 2014 par Tommy Lee Jones.

Sorte de conquête de l’ouest à l’envers, Homesman retrace la traversée des Grandes Plaines vers l’Est d’un duo improbable chargé de rapatrier dans leurs familles quatre femmes de pionniers ayant perdu la raison.

« On ne parle jamais de ce genre de choses. On se contente de s’en occuper. »

Si la conquête de l’ouest était porteuse d’espoirs immenses, les conditions de vie dans le nord-ouest du Territoire se révèlent très difficiles pour les pionniers et plus particulièrement pour les femmes, qui non seulement triment du matin au soir mais doivent aussi affronter les animaux sauvages, le froid, la maladie et la mort.

Lorsque quatre femmes perdent la tête pendant un hiver particulièrement rude, le Révérend Dowd se voit une nouvelle fois contraint d’organiser un rapatriement vers Hebron, dans l’Iowa, où ces femmes seront recueillies par une Société féminine d’entraide qui les confiera par la suite à des bénévoles chargées de les escorter dans leurs familles.

Suite à un malheureux tirage au sort, Mary Bee Cudy, une ancienne institutrice originaire du nord de l’Etat de New York, une trentenaire célibataire « quelconque comme un seau en étain » et dotée d’une « langue de vipère » mais très débrouillarde, déterminée et courageuse, se porte volontaire pour rapatrier ces femmes. Briggs, une brute épaisse, « un voleur et fruit pourri » qu’elle a sauvé in extremis de la pendaison, se résout à l’accompagner.

Et voilà donc notre fameux duo, les quatre « toquées » et leur boîte en bois montée sur roues partis à l’assaut des Grandes Plaines pour un voyage de cinq semaines, une expédition périlleuse et parfois véritablement terrifiante pour Mary Bee.

« C’était une lamentation telle que ces terres silencieuses n’en avaient encore jamais entendu. C’était une complainte d’un tel désespoir qu’elle déchirait le coeur et enfonçait ses crocs au plus profond de l’âme. [] C’était comme si les créatures tragiques à l’intérieur du chariot comprenaient enfin ce qui leur arrivait: qu’on les arrachait à tous ceux qu’elles aimaient, à leurs hommes, à leurs enfants, vivants ou morts; à tout ce qu’elles aimaient, à leur graines de fleurs, à leurs bonnet et à leurs alliances – pour ne plus jamais revenir. »

Glendon Swarthout raconte la rudesse de la vie de pionniers sur la Frontière, la lâcheté des hommes refusant d’endosser leurs responsabilités et questionne l’asservissement des femmes à leurs maris, à leurs enfants, au climat, à la douleur et à la solitude. Qu’est-ce que la liberté dans de telles conditions? La folie ne serait-elle pas, à certains égards, préférable à la raison?

Homesman est à la fois une histoire d’espoirs déçus, de destins brisés et un récit de voyage au coeur de vastes espaces sauvages. Une histoire dure et parfois triste mais tellement bien racontée!

Note : 4.5 sur 5.
Gallmeister, 288 pages, janvier 2021

The Homesman (1988)
Trad. Laura Derajinsky



Photo © pixabay

11 réflexions au sujet de “Homesman · Glendon Swarthout”

  1. La seul chose qui me retient, c’est qu’ayant vu -et beaucoup aimé- le film, il me manquera l’effet de surprise que procure le rebondissement survenant vers le milieu de l’intrigue (si l’adaptation ciné est fidèle au roman)…

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    1. Comme tu dis, une claque! Je suis en grosse panne de lecture depuis presque un mois mais j’ai connu un moment de grâce avec cette lecture. Je me prendrai alors « Le tireur » à mon prochain passage en librairie.

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  2. Moi aussi, je suis très contente qu’il t’ait plu.

    Comme Electra, j’ai découvert Glendon avec ce roman. Et comme Electra encore, mon deuxième préféré est Le tireur.

    J’aimerais TOUT lire de lui. Ne reste qu’à espérer d’autres traductions…

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    1. Comme toi, j’ai maintenant envie de tout lire de lui. C’est génial quand une première incursion dans l’univers d’un auteur provoque un tel enthousiasme!

      Je vous fais entièrement confiance à Electra et à toi et continuerai donc avec « Le tireur ». « Bénis soient… » viendra après.

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