Le lâche (2022) est une auto-fiction addictive, aussi tragique et triste que lumineuse et émouvante, que j’ai lue en à peine vingt-quatre heures.
Dans son premier roman en partie inspiré de son vécu, l’auteur américain Jarred McGinnis aborde le handicap moteur, la difficile reconstruction après avoir subi un traumatisme et les relations familiales complexes.
A vingt-six ans, la vie de Jarred est brutalement et irrémédiablement bouleversée en raison d’un terrible accident de voiture qui a couté la vie à une jeune femme et l’a laissé, lui, paraplégique. Lorsque faute de couverture médicale appropriée, il est contraint de quitter l’hôpital après trois mois de rééducation bâclée, il ne sait où aller. C’est alors qu’il se résout à appeler son père avec lequel il n’a plus eu aucun contact depuis qu’il a fugué de la maison paternelle dix ans plus tôt. Malgré leur lourd passif familial, Jack n’hésite pas une seconde à entreprendre de longues heures de route pour aller chercher et ramener son fils à la maison.
En alternant présent et passé, l’auteur évoque d’une part les difficultés liées à la gestion du handicap au quotidien, à la perception de soi et aux relations avec autrui, et dévoile d’autre part progressivement les éléments ayant provoqué la rupture familiale. Enfin, il revient sur la relation de Jarred avec la jeune femme décédée dans l’accident.
La reconstruction s’annonce ardue pour Jarred qui est animé de nombreux sentiments très négatifs et éprouve beaucoup de peine à composer avec son nouveau moi, le regard d’autrui et ce père qu’il a fui pendant une décennie et dont il dépend aujourd’hui malgré lui. Son enfance ayant été brisée nette par le deuil, l’alcool et la violence, Jarred ne sait comment passer outre, oublier et pardonner. Le chemin vers l’acceptation, le pardon et la réconciliation sera long et semé d’embûches.
« – On fait la paix? – Jarred, tu es le seul à faire la guerre. »
Ayant su remonter la pente après avoir sombré, Jack est désormais prêt à soutenir son fils qu’il a gravement négligé au moment où il avait le plus besoin de lui. Au fil des jours, des semaines et des mois, entre la gestion du quotidien, une jolie rencontre et de nombreuses virées pour aller manger des donuts, père et fils apprendront à s’apprivoiser, se retrouver et s’aimer.
Jarred McGinnis signe un premier roman sombre mais jamais larmoyant dans lequel il explore avec justesse, une bonne dose d’autodérision et beaucoup de tendresse, les difficultés à se réconcilier avec la vie après avoir vécu un ou plusieurs traumatismes, autant physiques que psychologiques. Si de prime abord père et fils ne semblent pas très sympathiques, leurs nombreuses fêlures et leurs maladresses les rendent par la suite touchants et attachants, chacun à leur façon.
Le lâche est un beau roman d’apprentissage, grave certes, mais empreint d’une grande humanité et d’énormément d’amour.

The Coward (2021)
Trad. Marc Amfreville
______________________
« Vous n’avez pas besoin d’être handicapé pour être différent, car nous sommes tous différents » (Daniel Tammet)
Cinquième lecture dans le cadre de l’année thématique « Autour du handicap » organisée par Eva, Patrice et Ingannmic.

un récit très réussi pour un premier roman c’est très réussi 🙂
J’aimeJ’aime
je vais le lire c’est certain ! touchant
je reconnais la photo de couverture 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
je me souvenais avoir lu ce billet et qui confirme mon envie
J’aimeJ’aime
J’ai très envie de le lire…
J’aimeJ’aime