J’ai lu ce premier roman anglais il y a plusieurs semaines déjà, il est donc temps que je vienne enfin en dire quelques mots.
La romancière anglaise Jo Browning Wroe signe avec Une terrible délicatesse (2022) un roman d’apprentissage touchant dans lequel elle nous emmène sur les traces d’un jeune adulte en (re)construction, depuis ses jeunes années de soliste au sein d’un prestigieux choeur religieux à Cambridge à son métier d’embaumeur à Lavery et Fils, petite entreprise familiale transmise de père en fils depuis trois générations.
Le roman s’ouvre sur une tragédie, une catastrophe réellement survenue en 1966 au sud du Pays de Galles. Le 21 octobre 1966, un important glissement de terrain dans le petit village minier d’Aberfan faisait en effet cent quarante-quatre victimes dont cent seize enfants. Alors qu’il vient d’obtenir son diplôme du Thames College of Embalming, William Lavery décide, à tout juste dix-neuf ans, d’aller soutenir les familles endeuillées en rejoignant à Aberfan les centaines de thanatopracteurs bénévoles déjà présents. Ce qu’il vivra dans ce petit village tout au long de ces journées moralement et physiquement très éprouvantes non seulement le marquera durablement mais réveillera de profondes blessures.
A partir de là, Jo Browning Wroe use d’une trame temporelle particulière, non linéaire, faite d’ellipses, pour nous plonger dans le passé douloureux de William. Il s’agit donc moins d’un roman sur le métier d’embaumeur -même si elle fait preuve de beaucoup de délicatesse et d’empathie pour décrire dans les premiers chapitres un métier dont il n’est que rarement question en littérature- que d’un roman d’apprentissage et de reconstruction.
En alternant présent et passé, elle dévoile progressivement les éléments nous permettant d’appréhender les raisons pour lesquelles William a non seulement cessé de chanter alors qu’il était doté d’une voix exceptionnelle mais a encore coupé les ponts avec son meilleur ami et n’a plus jamais adressé un seul mot à sa mère depuis qu’il a quitté la maison cinq ans plus tôt pour aller vivre avec son oncle paternel.
Avec en toile de fond le « Miserere » d’Allegri, véritable fil rouge du roman, Jo Browning Wroe raconte les secrets et les non-dits, l’exclusion et le rejet, la mort et le deuil enfin. A travers le cheminement et la remise en question de William, elle dit la résilience et le pardon.
Un premier roman sensible et touchant.

A Terrible Kindness (2022)
Trad. Carine Chicherau
Je n’ai pas lu le livre de Jo Browning Wroe mais le drame d’Aberfan est également mentionné dans le roman de Dany Héricourt, Ada et Graff, paru pour la rentrée littéraire 2022.
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Un roman que, comme toi, j’ai apprécié.
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je l’ai beaucoup aimé aussi : une belle histoire et la manière d’aborder la tragédie d’Aberfan m’a donné envie d’en savoir plus 🙂
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