Après le magnifique Le petit-fils (2020) de Nickolas Butler, j’ai eu envie de m’attarder encore un peu aux Etats-Unis. Et j’ai très bien fait!
Thomas Savage (1915-2003) est l’auteur de treize romans dont seuls trois ont été à ce jour traduits en français. Avec Le pouvoir du chien (2019), paru aux Etats-Unis en 1967 et pour la première fois en France en 2002, l’auteur signe un huis-clos familial d’une grande subtilité et intensité psychologiques.
Avec un troupeau de mille têtes et dix employés, les frères Burbank sont les propriétaires du plus gros ranch de la vallée qu’ils gèrent à deux depuis le départ de leurs richissimes parents pour Salt Lake City. Phil est beau, intelligent et cultivé mais également arrogant, brutal, dominateur et raciste; quant à George, son cadet de deux ans, il est certes moins beau et moins cultivé, un peu lourdaud, un peu soumis et beaucoup plus réservé mais d’une grande bonté et bienveillance. Malgré leur caractère antagoniste, les deux frères -tous deux des célibataires endurcis- sont inséparables et vivent en harmonie l’un avec l’autre.
Lorsque George se marie en secret et revient au ranch avec Rose Gordon, l’ancienne propriétaire d’un hôtel dans la petite ville la plus proche et la veuve d’un médecin que Phil se plaisait à humilier, Phil voit rouge. Persuadé qu’elle n’en veut qu’à leur argent et horripilé au-delà du raisonnable par son fils Peter qu’il méprise par dessus tout en raison de son attitude beaucoup trop efféminée à son goût, Phil affiche ouvertement son hostilité. Très vite, il se lance avec beaucoup d’adresse et de discrétion dans une véritable campagne de dénigrement et de harcèlement à l’encontre de Rose qu’il se jure de détruire.
Thomas Savage nous plonge de façon très immersive à la fois dans l’Ouest américain des années 1920 et dans l’intimité de deux frères dont la vie jusque là parfaitement organisée est bouleversée par l’arrivée d’une femme. Grâce à une plume d’une grande force évocatrice, il excelle non seulement à retranscrire l’atmosphère, la vie quotidienne dans ces vastes contrées sauvages ainsi que les dures conditions de travail dans un ranch mais également à analyser finement les rapports humains et à brosser des portraits fort réussis de protagonistes très variés.
Le pouvoir du chien est un roman empreint d’une certaine nonchalance mais dont j’ai savouré chaque page. L’intrigue se dévoile lentement, sans véritable action, mais le malaise n’en est pas moins palpable et il devient rapidement évident qu’une tragédie se prépare. La tension monte ainsi crescendo jusqu’au dénouement, en apothéose.
Une très belle découverte qui m’a poussée à filer, plus vite que mon ombre, à ma librairie pour me procurer La reine de l’Idaho qui vient tout juste d’être réédité.

The Power of the Dog (1967)
Traduit de l’anglais (USA)
par Laura Derajinski
Photo ©parjadefalcon3, Pixabay
Je partage beaucoup de ton ressenti et c’est pour ça que je te déconseille l’adaptation. Je ne sais pas si tu l’as vu mais elle m’avait déçue malgré sa fidélité.
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*vue
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Je ne regarde plus d’adaptations depuis très longtemps, les seules que j’ai vues m’ayant déçue, même si certaines me tentent malgré tout.
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Il y a des exceptions quand même ! J’ai parfois préféré les adaptations aux originaux 🙂
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Je n’en doute pas! 🙂
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Je l’ai déjà écrit ici récemment, je sais, mais qu’est-ce que j’ai aimé ce roman !! Quelle subtilité, et quelle manière habile de prendre mine de rien le lecteur à contrepied par la complexité des personnages.. je n’avais pas vu qu’un autre de ses titres avait été réédité, mais je vais me jeter dessus !!
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Je suis bien d’accord! J’ai vu par hasard que le Totem était sorti en février, je n’ai pas hésité! Dommage que seuls trois de ses romans aient été traduits en français. Si j’apprécie autant « La reine de l’Idaho », j’essaierai de me procurer les autres en VO, même si je crains qu’ils ne soient plus édités… On verra.
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J’ai lu ce roman lors de sa première sortie en 2002 et j’avais beaucoup aimé, je n’étais pas encore trop habituée à ce genre de roman noir américain !
J’ai vu l’adaptation l’année dernière, et avec le décalage enter les deux, je l’ai appréciée aussi.
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Je ne regarde en général pas les adaptations même si certaines me tenteraient bien. On verra…
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Au programme de cette année ! 😉
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C’est une bonne nouvelle!
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Contrairement à Ceciloule, si tu en as l’occasion, je te recommande de regarder l’adaptation de Jane Campion, toute en silences et en langueurs… Le roman est plus percutant, mais le film offre une autre perspective.
Maintenant, j’attends ton retour sur « La reine de l’Idaho », en espérant que tu feras voler en éclats mes hésitations à m’y plonger.
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Je ne regarde en général pas les adaptations mais Jane Campion… Peut-être que je me laisserai tenter.
Quant à « La reine de l’Idaho », je pense le lire pendant mes vacances le mois prochain. J’espère être aussi enthousiaste que pour celui-ci et ainsi te donner envie de t’y plonger.
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J’ai vraiment beaucoup aimé le film, et il m’a donné envie de lire le livre, qui m’attend sagement sur ma PAL.
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Une bonne lecture en prévision ! Si tes souvenirs sur le film sont encore frais, il pourrait être intéressant de comparer film et roman….
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