L’oiseau bleu d’Erzeroum · Ian Manook

Cette saga familiale et historique présentée comme une « odyssée tragique et sublime de deux petites filles rescapées du génocide arménien » avait a priori tout pour me plaire. Malheureusement, j’en garderai une impression quelque peu mitigée.

Le journaliste, éditeur et romancier français Ian Manook (1949), de son vrai nom Patrick Manoukian, s’est inspiré de la vie de ses grands-parents pour raconter l’innommable barbarie subie par les Chrétiens d’Orient à partir de 1915. Avec L’oiseau bleu d’Erzeroum (2021), il rend un bel hommage à toutes les victimes des massacres perpétrés au nom d’une idéologie supérieure qui ne tolérait aucune différence.

A travers le destin tragique de deux soeurs de dix et six ans, il évoque un quart de siècle d’Histoire, depuis l’extermination programmée des Arméniens par les Turcs en 1915 jusqu’au déclenchement de la seconde Guerre mondiale en 1939. De l’Arménie ottomane à l’URSS en passant par le Liban, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis, il raconte le génocide arménien, la déportation, l’esclavage et les difficiles tentatives de reconstruction après avoir subi l’indicible.

Une fois les premières pages dépassées -des pages glaçantes et très difficiles à lire-, j’ai été happée par l’intrigue et très touchée par le destin tragique d’Araxie et de sa petite soeur Haïganouch, ces deux jeunes orphelines recueillies temporairement sur le chemin de l’exil par une vieille femme seule prête à tout pour leur venir en aide et les préserver de la violence ambiante. Une main tendue, un bout de pain, quelques fruits ou encore un bout de savon, autant de petits gestes en apparence insignifiants mais qui témoignent d’une profonde humanité viennent brièvement éclairer la noirceur des pages en démontrant qu’au coeur de la folie et la cruauté humaines subsiste encore une petite lueur d’espoir.

Malgré des passages d’une part très poignants et d’autre part fort intéressants du point de vue historique, L’oiseau bleu d’Erzeroum ne m’a pas entièrement convaincue, la raison principale étant que je n’ai pas su adhérer à la trame narrative, entachée selon moi par beaucoup trop de hasards et de ressorts narratifs trop visibles. Je me suis par ailleurs parfois un peu perdue avec les personnages. Enfin, les références aux génocidaires -tantôt turcs, tantôt kurdes- m’ont semblé parfois un peu confuses et auraient peut-être mérité un traitement un peu plus nuancé.

Note : 2.5 sur 5.
Albin Michel, avril 2021, 542 pages.

4ème lecture dans le cadre de l’année thématique « Lire (sur) les minorités ethniques » proposée par Ingannmic

3 réflexions au sujet de “L’oiseau bleu d’Erzeroum · Ian Manook”

  1. Ian Manook a complètement changé de direction, dis donc ! Je connaissais sa série de polars mongoles, « Yeruldelgger », que j’ai beaucoup aimée mais pas ce roman là.

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  2. Un auteur que je vois souvent passer sur les blogs, sans avoir eu envie d’aller plus loin… et ce n’est pas ton billet qui va me faire basculer ! Sur le même sujet, Edgar Hilsenrath a écrit Le conte de la pensée dernière, sur un ton bien sûr radicalement différent (Hilsenrath, quoi !) mais en relisant mon billet, je vois que je lui avais aussi reproché, dans sa seconde partie, une narration un peu décousue, rendue confuse par les nombreux personnages…

    En tous cas merci beaucoup pour cette participation, qui permet d’enrichir la partie asiatique du récap sur les minorités ethniques..

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