J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja: un premier roman bouleversant d'(in)humanité.
« C’est en avril 1994 que j’ai demandé à Dieu de divorcer ».
Sacha est Française. Alors qu’elle est dépêchée en Afrique du Sud pour couvrir la préparation des premières élections depuis la fin de l’Apartheid, la reporter de guerre aguerrie est impliquée dans un étrange accident de la route. La dimension du convoi, le volume et la nature de la cargaison l’intriguent, l’incitant à se rendre en douce au Rwanda. Sombre et glaçant présage de la barbarie à venir!
Rose est Tutsi. Fille du chef cuisinier de l’Ambassade de France à Kigali, mère d’un petit garçon et épouse d’un médecin membre actif du Front patriotique rwandais. Muette et écrivaine accomplie.
J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi, c’est l’histoire de Sacha, de Rose et du Rwanda. L’histoire de deux femmes et d’un pays qui sombre dans la folie meurtrière.
En alternant les styles journalistique et épistolaire, le vécu de Sacha sur le terrain et celui de Rose à travers les lettres qu’elle adresse à son mari souvent absent, Yoan Smadja confronte deux visions de ce que furent les premières semaines du génocide des Tutsis au Rwanda: une vision globale à travers les yeux d’une journaliste étrangère et un ressenti plus intime à travers les yeux d’une épouse et d’une mère.
L’atmosphère est ainsi tour à tour glaçante, lourde de menaces et empreinte de douceur, d’amour et de poésie. Mais aux souvenirs de Rose, aux images et aux odeurs associées à une époque heureuse désormais révolue succèdent peu à peu la stupeur, l’incompréhension, l’ahurissement, l’effroi et la peur panique face au déferlement de rage et de fureur humaines.
C’est avec beaucoup de pudeur et de retenue que l’auteur raconte l’indicible. C’est avec beaucoup de sensibilité et de poésie qu’il dit la grandeur de l’amour.
Oscillant entre amour et haine, lumière et ténèbres, J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi est un très beau premier roman. Fort et poignant.

Je viens de le trouver d’occasion chez Gibert, youpi ! Relire ta chronique me donne vraiment l’envie urgente de lire ce livre.
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Belle pêche! Bonne lecture, j’attends ton avis avec impatience (mais sans pression 😉 )
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Ce thème me parle beaucoup (alors que je n’ai aucun lien avec le génocide!) . J’avais lu les très beaux Petit Pays et J’ai longtemps eu peur de la nuit. Celui-ci passera surement par moi aussi 🙂
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Moi aussi ce thème me touche bcp. Comme toi, j’avais bcp aimé Petit Pays mais n’ai pas par contre pas lu J’ai longtemps eu peur de la nuit (je note!). J’ai Tous tes enfants dispersés de Beata Umubyeyi Mairesse dans ma pal..
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