Évasion · Benjamin Whitmer

Comme j’avais hâte de lire enfin Benjamin Whitmer! Évasion (2018), le troisième titre de l’auteur américain après Pike (2012) et Cry Father (2015), me tentait depuis longtemps. Verdict? Un roman parfaitement maîtrisé et terriblement addictif!

Le soir du 31 décembre 1968, douze détenus parviennent à s’évader de la prison de Old Lonesome, une petite ville isolée au pied des Rocheuses dans le Colorado. Débute alors une féroce chasse à l’homme menée par un directeur de prison impitoyable dont l’unique ambition est de ramener, morts ou vifs, les détenus en cavale. Alors qu’une bonne partie de la ville est mobilisée pour la traque et qu’une tempête de neige sévit, l’étau se resserre peu à peu autour des fuyards.

« Ce monde n’est pas fait pour que vous vous en évadiez. Ce monde est fait pour tenir votre coeur captif le temps qu’il faut pour le broyer. »

Si le roman s’intitule Évasion (Old Lonesome en anglais) c’est de l’enfermement et de la captivité dont il est essentiellement question ici: enfermement carcéral bien sûr mais également et surtout social. Nombreux sont en effet les personnages, détenus ou non, qui ploient sous le poids d’une existence qui ne les satisfait pas et de leur incapacité à s’en extraire.

En alternant les points de vue de divers acteurs impliqués dans la traque -détenu, traqueur professionnel, journalistes ou encore cousine de l’un des prisonniers en cavale-, Benjamin Whitmer non seulement dévoile peu à peu des pans de leur vie mais met aussi en exergue ce qui les relie entre eux: l’absence de perspectives d’avenir et d’espoir.

La situation socio-économique prévalant dans la petite communauté de Old Lonesome n’est en effet guère reluisante: les opportunités professionnelles sont rares voire inexistantes pour ceux qui ne travaillent pas au/pour le pénitentiaire dont dépend entièrement la ville, les laissés-pour-compte sont nombreux et les trafics en tout genre fleurissent. L’Amérique rurale que dépeint Benjamin Whitmer est pauvre, violente et raciste. En un mot: désespérée. Les armes, la drogue et l’alcool y sont omniprésents, en tous temps et à tous les échelons de la société. La chasse aux fugitifs engendrera par conséquent un déferlement de violence inouïe impossible à maîtriser.

Évasion est un roman noir, très noir, à l’atmosphère glaciale, oppressante et malsaine, aux personnages violents et violentés, aux dialogues souvent crus et grossiers. Un roman percutant, sans complaisance et tristement réaliste.

Evasion, Benjamin Whitmer
Gallmeister, 432 pages, février 2020.

Old Lonesome
Trad. Jacques Mailhos






Photo by Matthias Gabriel on Pixabay






2 réflexions au sujet de “Évasion · Benjamin Whitmer”

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