Nuuk · Mo Malø

Qaanaaq (2018) avait été un grand coup de coeur, Diskø (2019) une très bonne lecture, j’attendais donc avec beaucoup d’impatience Nuuk (2020), la troisième enquête de l’inspecteur et chef de la police groenlandaise Qaanaaq Adriensen.

Après un retour forcé de plusieurs mois au Danemark pour soigner ses démons, Qaanaaq est enfin de retour à Nuuk. S’il a pu reprendre sa place en tant que chef du Politigarden, il n’en reste pas moins qu’il n’est pas libre de ses mouvements. Pire, il est sous étroite surveillance. Arne Jacobsen aka la Fourmi, le grand boss de la police danoise à Copenhague, lui a en effet imposé un suivi psychologique avec une psychiatre revêche, une espèce de gorgone doublée d’une redoutable sangsue. Un sacré défi pour Qaanaaq dont la réintégration complète dépend de ses résultats thérapeutiques mais aussi et surtout de sa capacité à obéir à l’ordre suprême: se tenir à l’écart de toute enquête criminelle.

Or, on le sait, ce cher Qaanaaq n’en a que faire des injonctions. Ainsi lorsque sa psy, également en charge du numéro vert national de prévention du suicide, est informée de la mort d’une ado à Uummannaq, une île sur la côte ouest, Qaanaaq n’hésite pas une seconde: il se rendra à Uummannaq dès le lendemain et tant pis pour les séances quotidiennes avec la harpie! Après tout, la Fourmi lui a aussi imposé la tournée des neuf postes de police du pays. Et comme Uummannaq figure sur la liste…

Le Mont Uummannaq (1170m), d’où s’est jetée une ado dans le roman, surplombe la ville éponyme – © Mo Malø, novembre 2019.

Pendant ce temps à Nuuk, Apputiku Kalakek le fidèle adjoint inuit de Qaanaaq peut enfin sortir de l’ombre de son chef en enquêtant sur les macabres colis qui sont adressés à ce dernier au gré de sa tournée.

A l’instar des deux premiers volets de la série, Nuuk ne saurait se résumer à un simple roman policier axé autour d’une enquête pour meurtre. Certes, plusieurs crimes devront être élucidés mais ce troisième volet est également et surtout une nouvelle fois un très beau voyage au coeur du Groenland ainsi qu’une rencontre très intéressante avec ses habitants et leurs us et coutumes.

© Mo Malø, novembre 2019

Après avoir abordé la situation politique et énergétique du Groenland dans Qaanaaq, la question environnementale dans Diskø, Mo Malø s’intéresse dans Nuuk à la dimension culturelle et spirituelle et mentionne à cet effet un certain nombre de traditions et de croyances ancestrales inuites. Par ailleurs, il évoque la misère sociale, la maltraitance infantile et le suicide (chez les jeunes mais aussi chez les vieillards). C’est ainsi que l’on apprend que le Groenland détient le triste record du monde du plus haut taux de suicide chez les jeunes. Enfin, la vie privée et familiale de Qaanaaq prend une nouvelle tournure, tout comme sa relation avec Appu.

© Mo Malø, novembre 2019.

Pour conclure, je tiens à remercier chaleureusement Mo Malø de m’avoir permis de reproduire dans cet article quelques-unes des nombreuses et magnifiques photos qu’il a prises lors de séjour au Groenland en novembre 2019. La publication de Nuuk était d’autant plus attendue qu’il partageait au quotidien son voyage et ses impressions (sans oublier ses petites mésaventures climatiques) sur les réseaux sociaux. L’attente du quatrième tome s’annonce longue…

Nuuk, Mo Malo.
La Martinière, 416 pages, mai 2020

Note : 4.5 sur 5.

Photo en une © Taken / Pixabay

8 réflexions au sujet de “Nuuk · Mo Malø”

  1. J’avais noté Qaanaaq mais je ne l’ai pas encore lu… je suis toujours très intéressée par les romans se déroulant dans des contrées méconnues. Je ne sais pas si tu as vu mais j’ai répondu sur mon blog à ton commentaire à propos du Mois américain, c’est OK pour la LC de « Les femmes de Heart Spring Mountain ».
    Ingannmic

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    1. Je pense que tu vas beaucoup aimer Qaanaaq alors. C’est tellement plus qu’un roman policier; un roman vraiment bien documenté/écrit et sociologiquement hyper intéressant! J’espère que tu le liras bientôt!
      Oui j’ai vu mais j’ai oublié de te répondre, mes excuses! Je me réjouis.

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