Je n’ai pas encore lu le très encensé Jolis jolis monstres (2019) mais j’ai lu et beaucoup aimé Mon père, ma mère, mes tremblements de terre (2020).
18h24. Ligne droite et dernière. Epreuve du cent mètres. On accélère. Les points de côté creusent le ventre. Le trac parle. C’est normal. Je vais rencontrer mon père.
A 14h54, Charlie voit et entend pour la dernière fois son père tel qu’il l’a toujours connu. Lorsqu’il sortira du bloc opératoire à 19h, Aurélien sera définitivement devenu Alice.
Dans la salle d’attente où il attend avec sa mère, Charlie se souvient de ce que fut sa vie depuis la révélation fracassante de son père deux ans plus tôt. Pendant les quatre heures que dure l’opération, il raconte son père, sa mère et ses tremblements de terre, leur vie avant et depuis ce fameux séisme de magnitude 10 qui a détruit tous ses repères.
Il évoque les différentes étapes de la transition physique et psychique de son père -étapes qu’il a secrètement et très méticuleusement consignées dans un carnet- et raconte les effets dévastateurs de ces changements sur sa vie et celle de sa mère. Il dit ses craintes, ses doutes et ses nombreuses interrogations. Sa profonde colère aussi. Et son amour enfin.
« Pour changer, tout n’est pas une question de souffrance et de pitié. Tout n’est pas une question de vie ou de mort. – Alors c’est une question de quoi? – Juste une question d’amour. »
A la fois quête identitaire et histoire d’amour familial, Mon père, ma mère, mes tremblements de terre explore et questionne avec beaucoup de sensibilité et de justesse la problématique de la transidentité à travers le point de vue d’un ado de quinze ans.
Charlie est cet ado qui devient malgré lui un acteur essentiel dans la nouvelle vie de son père dont le parcours est jalonné de nombreuses difficultés. Il est cet ado qui doit non seulement gérer ses propres émotions mais aussi et surtout apprendre à supporter et à vivre avec les souffrances, les doutes ainsi que l’euphorie d’un père qu’il peine parfois à reconnaître. Un ado qui a perdu ses repères, se pose mille et une questions, un ado qui a peur et qui est en colère. Qui doit encaisser le fait que ce père, tout occupé qu’il est avec lui-même, sa transition et sa prochaine renaissance en oublie sa femme et son fils et leur inflige -bien qu’involontairement- d’immenses souffrances.
Si j’ai eu du mal avec l’inconscience et l’égoïsme de l’Alice en devenir (mais n’est ce pas, au fond, un comportement légitime après plus de trente ans passés à refouler sa véritable identité?), Mon père, ma mère, mes tremblements de terre reste un roman familial très touchant sur la différence, la tolérance et le courage d’être soi.
A lire.

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Je l’ai déjà repéré chez Ève. Je vais être raisonnable et prudente et je vais attendre un troisième avis positif qui me fera probablement basculer 😉
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Il y a quelque temps maintenant, j’avais rencontré Julien Dufresne-Lamy à ma librairie préférée. Il était venu parler de « Jolis, jolis monstres ». Passionnant et chaleureux. J’avais acheté le roman mais ne l’ai pas encore lu. Il revient pour son 2ème roman dans quelques jours, mais je serai à Annecy à ce moment-là. Je pense lire les deux.
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il m’a bien plu, j’ai eu le même bémol, vis-à-vis du côté « autocentré » d’Alice, mais peut-être quon aurait fait pareil, après une attente aussi longue…
j’ai découvert l’auteur avec « Jolis, jolis monstres » qui m’a déjà bien plu 🙂
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Un sujet passionnant mais je crois avoir déjà lu un roman sur le même thème (anglophone) …
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