Héritage · Miguel Bonnefoy

Je fais une nouvelle petite pause avec « Les feuilles allemandes » pour vous parler aujourd’hui du deuxième roman sélectionné pour le Prix littéraire du LàC 2021. Très intriguée par Miguel Bonnefoy depuis la parution de son avant-dernier roman Sucre noir et encore plus depuis Héritage, j’ai été particulièrement ravie d’apprendre que ce dernier titre avait été retenu par le Comité du LàC.

Héritage (2020) est le troisième roman de l’auteur franco-vénézuélien après Le voyage d’Octavio (2015) et Sucre noir (2017). Si j’étais impatiente de découvrir Miguel Bonnefoy, j’avoue tout de même que l’amatrice de sagas familiales et de gros pavés que je suis (je lis volontiers huit cents pages voire plus) était un petit peu sceptique tout en étant très curieuse de voir comment l’auteur allait s’y prendre pour couvrir -en tout juste deux cents pages!- l’histoire sur près d’un siècle de quatre générations d’une famille franco-chilienne.

Epoustouflée et éblouie je fus! Héritage est un roman épique captivant qui raconte, au gré d’événements historiques majeurs et d’allers-retours entre la France et le Chili, le destin exceptionnel d’une famille d’immigrés français au Chili; une famille durablement marquée par l’exil et le déracinement, écartelée entre son héritage français et chilien.

Héritage est un roman stylistiquement riche et beau. L’écriture y est maîtrisée, ciselée, souvent d’une infinie poésie. D’une beauté douloureuse aussi. La capacité de Miguel Bonnefoy à sublimer l’horreur m’a plus d’une fois émue…

Si le début du roman m’a véritablement enthousiasmée, je dois tout de même émettre un petit bémol lié à l’irruption du fantastique dans la narration. Si la touche de magie ne m’a pas immédiatement gênée dans la mesure où elle s’inscrivait parfaitement dans le contexte, une scène et ses conséquences tout sauf anodines m’ont totalement déroutée. Non seulement le charme était rompu mais je n’ai pas su passer outre ce « détail » pour me replonger entièrement dans l’intrigue. Conséquence: les chapitres ont, à mon très grand regret, continué à défiler sans moi. Ce n’est qu’une fois arrivée aux dernières pages que le charme a enfin et de nouveau opéré.

J’ai refermé le roman avec un sentiment très étrange oscillant entre éblouissement et déception immense de ne pas avoir su l’apprécier autant que je l’aurais souhaité. Quoiqu’il en soit Héritage reste une très belle lecture, intense et passionnante, et Miguel Bonnefoy un auteur que j’ai très envie de lire à nouveau.

Note : 4 sur 5.
Rivages, 206 pages, août 2020.


Photo © LuWe1998

12 réflexions au sujet de “Héritage · Miguel Bonnefoy”

  1. Pareil avec ton billet : enthousiaste au début, mais le passage avec le côté fantastique m’a freinée dans mon élan de noter le titre tout de suite. J’hésite. C’est dur de commencer la semaine ainsi ! 😅

    Par contre j’ai noté Sucre noir..

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