Les sourds · Rodrigo Rey Rosa

Troisième et dernière lecture dans le cadre du mois latino. Après le Pérou et l’Argentine, cap sur le Guatemala!

Le romancier guatémaltèque Rodrigo Rey Rosa (1958) est l’auteur de dix romans (dont huit traduits en français), de nouvelles et de contes ainsi que d’un récit. Il signe avec Les sourds (2014) un roman quelque peu étrange s’apparentant à un polar dans lequel il nous emmène de Guatemala City au lac Atitlán, sur les hauts plateaux en territoire maya.

Après une énième menace, un riche banquier octogénaire de Guatemala City se résout à engager un garde du corps pour protéger sa fille Clara. Grâce à l’intervention de son oncle, un jeune villageois des terres chaudes de Jalpatagua obtient le poste et intègre la maison des Casares à la capitale. Tout se passe bien pour lui jusqu’au jour où Clara disparait.

La disparition de Clara dans un pays dans lequel « le nombre de femmes tuées dépasse ‘honteusement’ celui de Ciudad Juárez, avec environ six cents mortes par an, soit cent de plus que dans la ville mexicaine » est très inquiétante. Les semaines passent, Clara ne réapparaît pas mais d’étranges coups de fils en provenance des quatre coins du monde parviennent à son père et à son frère. Leurs recherches pour la retrouver vont mener le jeune garde du corps en territoire maya, dans un hôpital où se pratiquent des expériences illicites.

L’auteur dépeint dans son roman une société guatémaltèque gangrenée par la violence, la corruption et les discriminations envers les minorités ethniques. Dans son avant-propos, il explique brièvement qu’entre 1982 et 1983 plus d’un million de paysans, pour la plupart mayas, ont été enrôlés de force dans les Patrouilles d’autodéfense civile (PAC) créées par l’armée guatémaltèque pour prêter main-forte à la politique contre-insurrectionnelle. L’armée de civils ainsi créée a provoqué la disparition du système d’autorité indienne et est devenue un instrument de contrôle des communautés mayas.

Bien que l’auteur évoque, dans les très grandes lignes, la vie quotidienne ainsi que les us et coutumes des villageois mayas, je suis restée sur ma faim quant au contexte socio-économique et politique de la région. Par ailleurs, la simplicité de l’écriture, les nombreux dialogues et le recours à plusieurs intrigues parallèles insuffisamment creusées n’ont pas réussi à me convaincre.

Note : 1.5 sur 5.
Gallimard, mars 2014, 279 pages.

Los sordos (2012)
Traduit de l’espagnol (Guatemala) par Alba-Marina Escalon


Photo © Lukáš Jančička

Troisième lecture dans le cadre du mois latino organisé par Ingannmic.

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