Je clôture cette sixième édition du « Mois de l’Europe de l’Est » avec un roman tchèque qui m’a été offert par Eva. Une lecture commune coup de poing/coup de coeur dont je me souviendrai longtemps.
Hana (2022) est le premier roman traduit en français de la traductrice et autrice tchèque Alena Mornštajnová (1963). Si les quatrièmes de couverture ont souvent la fâcheuse tendance à être trop bavardes, il n’en est absolument rien avec Hana, bien au contraire. La présentation, aussi succincte que mystérieuse, se contente en effet d’évoquer une petite fille privée de dessert dont la vie va être bouleversée à jamais, une étrange tante et une histoire familiale tragique. N’ayant pas cherché à en savoir davantage, je me suis lancée dans la lecture de ce livre sans avoir la moindre idée de ce qui m’attendait. Une expérience très appréciable! Mon billet sera donc volontairement très vague.
Alena Mornštajnová signe avec Hana un roman familial et historique très poignant dans lequel elle relate le destin tragique de trois générations de filles et femmes issues d’une même famille originaire de la petite ville tchécoslovaque de Valašské Meziříčí. En trois parties distinctes ordonnancées de façon non chronologique entre 1942 et 1963, elle raconte, tantôt à la première personne tantôt à la troisième personne du singulier, les souffrances infinies auxquelles ces trois femmes ont été confrontées au fil des ans.
« Elle n’est pas détraquée. Elle est moralement épuisée, c’est tout. »
Avec beaucoup de justesse et de sensibilité, Alena Mornštajnová raconte la maladie et le deuil, les brimades, la méchanceté et l’exclusion, la solitude infinie ressentie par une petite fille ayant échappé de justesse à une tragédie. Avec beaucoup d’habileté et sans jamais rien laisser au hasard, elle agence les événements de telle façon à pouvoir progressivement combler les vides et les non-dits dans la narration, à dévoiler les raisons à l’origine du comportement très étrange d’une trentenaire autrefois jolie, heureuse et insouciante devenue une ombre décharnée tout de noir vêtue, une ombre solitaire, mutique et apathique. Avec beaucoup d’humanité et d’empathie enfin, elle laisse entrevoir la possibilité d’une reconstruction malgré l’immensité des traumatismes subis.
Hana est un roman déchirant. Sur la folie et la cruauté humaines. Sur le poids des regrets et la puissance dévastatrice de la culpabilité. Hana bouscule. Hana assomme. Mais Hana dit l’amour aussi, malgré tout. Un amour timide, discret, mais véritable et profond. Un amour réparateur, porteur d’espoir et de résilience.

Hana (2017)
Traduit du tchèque
par Benoît Meunier

Très très tentant !🙏Merci pour cette chronique !
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Avec plaisir 🙂 Je ne peux que te le conseiller!
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Quel magnifique retour de lecture i Je suis totalement conquise .
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Merci de l’avoir lu Hedwige. Ce roman m’a vraiment bouleversée…
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Ton enthousiasme rejoint ceux d’Eva et de Claudialucia… voilà qui en fait un incontournable dans ma liste de souhaits !
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J’espère qu’on le reverra sur les blogs!
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Je commence à regretter de ne pas m’être jointe à vous pour cette lecture commune.
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Tu peux le programmer pour l’année prochaine 🙂 J’espère vivement qu’on aura l’occasion de le revoir sur les blogs.
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En effet, un bon roman ! J’ai trouvé cette construction très intéressante qui permet de combler les vides de la narration de la fillette en reliant peu à peu, entre eux, les personnages et les évènements.
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Oui, tout fait parfaitement sens. Une lecture bouleversante et qui me marquera longtemps.
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je me joins au chœur des « tentées » et plus que tentées !
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J’espère vivement revoir ce livre sur les blogs!
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