Grâce à une construction narrative très habile, Soline Lippe De Thoisy réussit le tour de force de nous proposer dans un tout petit roman de 148 pages un tour d’horizon de quelques-uns des événements les plus marquants de l’histoire de l’Afrique du Sud et d’évoquer de façon très touchante une amitié tardive entre deux vieillards à quelques semaines de leur mort.
Les murmures du Cap s’ouvre sur le procès d’un jeune métis au Cap. Fils de pêcheur, dealer et délinquant, Reuben est accusé d’avoir fait exploser le phare de Columbine et provoqué la mort de deux vieux héros: Zandile, icône de la lutte contre l’Apartheid, et le grand-père de la narratrice, un ancien résistant français de la seconde Guerre mondiale.
Pour les avocats de la défense, un Afrikaner un peu rustre, et un Indien très élégant, le procès cristallise les rancoeurs, « la déchirure historique et sociale d’un pays tout entier qui n’a pas fini de lécher ses plaies ». L’explosion du phare servant selon eux de prétexte à un règlement de comptes historique, ils vont tenter de faire comprendre à la narratrice les tenants et les aboutissants de cette affaire afin de la rallier à leur cause et prouver l’innocence de Reuben.
A partir de là et à travers le point de vue de divers personnages, l’auteure raconte l’Afrique du Sud depuis la création du comptoir du Cap par les Hollandais jusqu’à la libération de Nelson Mandela et les premières élections démocratiques, en passant par l’arrivée des Huguenots, la conquête de la ville par les Anglais, l’avènement de l’Apartheid ou encore le massacre de Soweto. A ces événements historiques se mêlent l’histoire personnelle de nos deux papis, leur combat, leur lutte mais aussi leur amour pour leur femme.
La plume de l’auteure est très agréable et la situation politique et sociale de l’Afrique du Sud à travers les époques est décrite avec justesse et rigueur.
