Appréciant beaucoup les polars de l’auteur sud-africain Deon Meyer, j’étais curieuse de découvrir Michele Rowe qui signe avec Les enfants du Cap son premier roman. Et je n’ai pas été déçue par ce voyage très immersif dans l’actuelle Afrique du Sud!
Dans ce roman policier (et non pas thriller), l’auteure décortique en effet avec acuité la réalité de la société sud-africaine post-Apartheid en attirant l’attention sur les inégalités socio-économiques qui perdurent, la violence et la criminalité, ce « raz-de-marée de fange [qui] déferle sur le pays ». Corruption de la police, tensions raciales, traffic de drogues, combats de chiens, violence conjugale, pédophilie, alcoolisme, braquages, agressions et meurtres, le tableau brossé est bien sombre.
Les personnages, fort nombreux, diversifiés et bien dépeints, servent à leur tour à illustrer les difficultés rencontrées encore aujourd’hui par certaines couches de la société. L’inspectrice Persy Jonas et son ami d’enfance qu’elle a perdu de vue symbolisent ainsi l’éternel écartèlement des Métis entre Blancs et Noirs. L’une a bénéficié d’une éducation et est à 25 ans en charge de sa 1ère affaire de meurtre, l’autre a raté sa chance et s’est formé à l’école de la vie devenant un caïd n’ayant plus rien à perdre. Leurs deux univers vont se rencontrer de façon très violente. Il y a aussi cet inspecteur noir corrompu et son capitaine noir, chrétien évangélique officiant à temps partiel comme pasteur de sa paroisse, il y a Marge, une psy blanche à la retraite qui cherche à revivre ses heures de gloire en s’associant à Persy. Et tant d’autres.
Si l’intrigue est classique et pas spécialement palpitante, j’ai apprécié la plume aiguisée et engagée de Michele Rowa qui propose un roman très intéressant au niveau sociétal.
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