Après Americanah que j’avais beaucoup aimé il y a quelques années, j’ai découvert avec bonheur le premier roman de Chimamanda Ngozie Adichie: une histoire de famille poignante, de beaux portraits de femmes, une immersion très réaliste dans la vie quotidienne du Nigéria des années 1990. Purple Hibiscus est un très beau roman, sensible et bouleversant sur le fanatisme religieux et l’ouverture à la vie d’une adolescente brimée.
Kambili a quinze ans lorsque son frère Jaja et elle quittent pour la première fois leurs parents. Suite à un coup d’État militaire, ils sont envoyés chez leur tante paternelle, professeure à l’Université de Nsukka. La vie qu’ils découvrent dans le foyer modeste d’Ifeoma, veuve et mère de trois enfants, apparait comme un tremblement de terre qui ébranle leur univers, détruisant toutes leurs certitudes.
Kambili et Jaja ont grandi dans l’opulence mais dans un cadre familial très rigide, silencieux et froid, sous le joug d’un père tyrannique, un monstre d’autoritarisme qui exige la perfection, la soumission et une obéissance totale, un extrémiste catholique qui n’hésite pas à lever la main sur sa femme et ses enfants lorsqu’il estime que l’un de ses sacro-saints préceptes religieux a été violé.
Dans le foyer d’Ifeoma, il n’y a ni silence, ni peur. Bruyante et brouillonne, sa maison est terriblement vivante, remplie de mots, de chants et de musique, de rires et de cris. Si Jaja se libère rapidement du contrôle de son père et s’épanouit dans cette atmosphère où règnent la spontanéité, le dialogue et l’esprit critique, Kambili est tiraillée entre sa loyauté à son père et la promesse d’une autre vie, faite de douceur, de partage, de joie et d’amour. Grâce à la bienveillance de sa tante et à l’amitié d’un jeune prêtre, elle apprendra progressivement à exprimer son point de vue, à sourire et à rire. A aimer aussi.
S’il est très dur dans l’évocation de l’oppression et de l’intolérance religieuses ainsi que dans la description des violences domestiques, Purple Hibiscus est un magnifique roman d’apprentissage, bouleversant d’espoir et de paix. À lire absolument!

Crédit photo Nsukka, Nigéria : Flickr Hive Mind