Je voudrais que la nuit me prenne · Isabelle Desesquelles

C’est la gorge serrée que j’ai refermé ce très beau roman de Isabelle Desesquelles. Je voudrais que la nuit me prenne est une plongée poétique et poignante dans le monde d’une enfant heureuse, choyée et aimée avant qu’un drame ne dévaste tout.

C’est à travers les mots et le regard de Clémence que nous découvrons les événements marquants de sa jeune vie. La fillette de 8 ans grandit dans un foyer rempli de fantaisie, de douceur, d’amour et de bonheur entre une mère un peu fofolle et un père instituteur, entre son amoureux Just et sa cousine Lise, sans oublier Trottinette la tortue. Malheureusement, le bonheur est éphémère et très fragile.

Le malheur s’invite de façon inattendue et très brutale, provoquant un changement de ton et d’atmosphère. L’auteure -qui nous réserve une surprise de taille- alterne désormais le présent douloureux de la Camille de 24 ans et les souvenirs du passé heureux et insouciant de la fillette de 8 ans. Si on décèle parfaitement le profond mal-être provoqué par un terrible événement, le mystère quant à sa nature reste entier et il faudra attendre les toutes dernières pages pour mesurer véritablement toute l’ampleur et l’infinie tristesse de ce drame. Un drame décrit en à peine une phrase, avec pudeur et poésie.

Je voudrais que la nuit me prenne est un roman surprenant et singulier, un roman très touchant sur ce qui a été et sur ce qui ne sera jamais, sur la douceur de l’enfance, sur l’amour inconditionnel de deux parents pour leur fille et sur celui qu’ils se portaient, mais aussi sur la douleur incommensurable provoquée par une tragédie et sur la nécessité d’avancer et de se réinventer malgré tout.

Je ne connaissais pas Isabelle Desesquelles avant de lire ce livre et je me réjouis de découvrir ses précédents romans tant j’ai été séduite par son écriture. Une écriture empreinte de douceur, de sensibilité et de poésie qui évoque avec infiniment de justesse l’insouciance de l’enfance autant que les difficultés d’une vie marquée par la douleur, l’absence et la perte.

Belfond, 208 pages, août 2018.

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