Comment appréhender sereinement une grossesse lorsque la procréation est un sujet tabou? Comment accepter une grossesse et envisager une maternité lorsqu’on est arrêtée et déportée à Ravensbrück? Comment espérer donner la vie alors que la mort est omniprésente?
Kinderzimmer de Valentine Goby retrace la trajectoire bouleversante d’une jeune résistante française qui, en 1944, est déportée enceinte à Ravensbrück et dont l’enfant sera placé dans la Kinderzimmer, la chambre des enfants.
Ravensbrück. Un camp de déportés politiques où sont entassées comme du bétail des dizaines de milliers de femmes de toutes nationalités. C’est le travail forcé. Jusqu’à la mort. C’est la faim, abjecte. Le froid, glacial. C’est le manque d’hygiène et la saleté, les maladies. Les rats. C’est la violence. Les insultes, les coups. Et c’est la mort.
Et dans cet enfer se trouvent des enfants. Et des nourrissons. Entassés eux aussi par dizaines dans une chambre spéciale, sans chaleur, sans lait, sans couches et sans soins.
Kinderzimmer est une plongée vertigineuse dans l’inconnu, l’inquiétude, l’incompréhensible. En 210 pages percutantes, Valentine Goby s’attache à dire l’indicible. Les phrases sont courtes, incisives. Pour dire la barbarie. Mais pour dire l’espoir aussi. Et l’amour. Malgré tout.
Cette lecture, extrêmement dure et éprouvante, a mis mes nerfs à rude épreuve et j’ai frôlé l’abandon, plusieurs fois. Mais soudain, un tournant. Une étincelle. C’est la prise de conscience, le refus de se soumettre et les ressources insoupçonnées. La solidarité. La générosité. Le courage et la furieuse envie de survivre. Et l’amour. Immense.
Un roman inoubliable. Un roman magistral.

Une réflexion sur “Kinderzimmer · Valentine Goby”