« Aussi loin que Waan se souvienne, les hommes étaient toujours entrés en elle par effraction. »
Une première phrase qui donne le ton.
L’amour propre de Olivier Auroy est un roman à la croisée des genres, un roman percutant sur la terrible condition des femmes soumises au désir et à la cruauté de certains hommes et une plongée très immersive et visuelle dans l’univers des salons de massage. Mais L’amour propre est aussi et surtout un très beau récit de femmes, intimiste, touchant et sensible et une quête vers la liberté et l’indépendance.
D’une plume très élégante, parfois crue mais jamais vulgaire, Olivier Auroy décrit avec minutie et justesse la dure réalité à laquelle sont confrontées certaines femmes vulnérables piégées dans un univers qu’elles n’ont pas choisi, un monde mystérieux et feutré où la frontière entre massage et prostitution est ténue.
Entre passé et présent et de Chiang-Rai à Paris en passant par Casablanca et Beyrouth, l’auteur dénonce la domination masculine et l’exploitation sexuelle des femmes.
Waan, Leïla et Katia. Trois femmes, trois destins. « Sauvées » d’un destin sordide, toutes les trois ont en commun le fait de se retrouver à travailler pour Monsieur Victor, le propriétaire d’un salon de massage très sélect sis dans un hôtel particulier parisien.
À une première partie en huis-clos centrée en grande partie sur la vie de Waan succède une seconde partie beaucoup plus dynamique et davantage orientée polar. Le rythme est effréné et comporte plusieurs scènes un peu trop rocambolesques à mon goût (le pseudo-kidnapping mené tambour battant en Suisse par le journaliste vedette de la RTS – Darius si vous passez par là – m’a fait beaucoup sourire) mais ce sera là ma seule réserve concernant ce beau roman…
Une très belle écriture, un grand sens du détail, des personnages forts et un très beau plaidoyer en faveur des femmes. En bref, une très belle découverte!
