Les roses de la nuit · Arnaldur Indriðason

Quel immense plaisir de retrouver l’Islande et son célèbrissime grincheux!

Paru en Islande en 1998, Les roses de la nuit est le dernier titre de la série consacrée au commissaire Erlendur Sveinsson qu’il restait à traduire en français après Les fils de la poussière publié en octobre 2018 par les Editions Métailié. Chronologiquement, Les roses de la nuit constitue le second volet de la série et se situe immédiatement après Les fils de la poussière et juste avant La Cité des jarres.

Le cadavre d’une jeune fille, nue, droguée et maquillée comme une voiture volée, est retrouvé dans un cimetière de Reykjavík par un couple venu s’y réfugier pour batifoler. La tombe sur laquelle le corps a été déposé étant celle de Jón Sigurðsson, chef de file du mouvement pour l’Indépendance de l’Islande, Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli se demandent s’il ne faudrait pas voir dans ce meurtre un motif politique. Ils décident donc de se rendre dans la région des fjords de l’Ouest d’où étaient originaires le héros de l’Indépendance ainsi que la jeune victime. Parallèlement, le duo aidé par la fille toxicomane d’Erlendur enquête dans les milieux de la drogue et de la prostitution à Reykjavík.

C’est toujours avec beaucoup d’intérêt que je prends connaissance de certaines réalités islandaises. Dans Les roses de la nuit, Arnaldur Indriðason évoque ainsi la situation socio-économique alarmante prévalant dans certaines régions d’Islande ainsi que la problématique de l’exode rural qui en découle.

Il se penche ici sur la région des fjords de l’Ouest du pays qui depuis le début des années 1980 se vide progressivement de ses habitants suite à l’instauration d’un système de quotas dans l’industrie de la pêche. Ce système, couplé à la puissante industrie du bâtiment et de l’immobilier, a détruit tout un pan de la société traditionnelle islandaise en provoquant une énorme vague de chômage tout en fabriquant quelques millionnaires. La colère gronde et le sentiment d’injustice, d’insécurité et de désespoir est tenace.

S’agissant du second tome de la série, l’auteur nous offre par ailleurs moult détails sur l’apparence, l’idéologie et la vie privée et familiale de son duo d’enquêteurs emblématique et on s’en délecte!

L’un, quinqua divorcé, bougon et solitaire, amoureux inconditionnel du passé et des traditions, ne rate pas une occasion pour exprimer son mécontentement parfois virulent en rapport avec les changements qui affectent son cher pays depuis 30 ans. Son cheval de bataille? L’invasion américaine. L’autre, fringant trentenaire formé aux Etats-Unis justement, ne jure que par la vie citadine, le progrès et la nécessité absolue d’avancer avec son temps, n’hésitant d’ailleurs pas à vertement critiquer son supérieur pour ses idées qu’il juge arriérées. Tout simplement délicieux!

Une enquête minutieuse, un duo d’enquêteurs drôles et attachants, des explications sociétales très intéressantes… Vous l’aurez compris: j’ai adoré ma lecture!

Les roses de la nuit
Arnaldur Indridason
Métailié, 254 pages, octobre 2019.

Trad. Eric Boury

4 réflexions au sujet de “Les roses de la nuit · Arnaldur Indriðason”

  1. quel plaisir en effet de retrouver notre héros bougon ! et comme toi, j’ai tellement appris sur l’histoire de ce pays en le lisant et voir que la désertification rurale touche aussi ces pays-là !

    Aimé par 1 personne

    1. Ce livre a vraiment raisonné en moi. Cet été aux iles Féroé, nos hôtes nous parlaient aussi industrie de la pêche et exode rural… Certains petits villages au fond des fjords ne sont guère plus peuplés que de quelques personnes âgées. Mais la pêche représente aujourd’hui encore 98% de l’économie feroïenne.

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