« C’est la vérité atroce, tordue: nous autres, c’est seulement dans la mort que nous trouvons la vraie liberté. »
La liberté. Qu’est-ce que la liberté en effet lorsqu’on est conditionnée depuis sa plus tendre enfance à devenir la digne héritière de son père, un homme dur et impitoyable à la tête d’un empire criminel dans le nord de la Californie? Qu’est-ce que la liberté lorsqu’on est prisonnière dans un monde de terreur et de violence, contrainte d’évoluer au seul rythme des guerres de clans et de territoire, sans aucune possibilité de fuite?
Harley McKenna a huit ans lorsque sa mère meurt de façon particulièrement brutale et cruelle et qu’elle voit pour la première fois son père tuer un homme. Elle en a seize lorsqu’elle commence à travailler pour son paternel, un baron de la drogue accro au pouvoir, drogué à l’autorité et à la crainte qu’il inspire autour de lui, et qu’elle est pour la première fois responsable de la mort d’un homme. Aujourd’hui Harley a vingt-deux ans et l’heure est venue pour elle de faire un choix. Son choix.
Mon territoire oscille entre passé et présent, entre les événements clés ayant marqué la jeune vie de Harley et façonné celle qu’elle est devenue d’une part, et la situation très difficile à laquelle elle est confrontée depuis qu’une étincelle a mis le feu à la poudrière d’autre part.
Une paix précaire mais qui prévalait depuis des années entre les clans ennemis des McKenna et des Springfield vole ainsi en éclats lorsqu’une femme du “Ruby“ -un foyer pour femmes battues créé à l’époque par la mère de Harley et actuellement toujours sous protection du clan McKenna- est agressée par l’un des Springfield. En l’absence de son père, Harley n’a d’autre choix que de monter au front.
Le cycle éternel de la violence est-il condamné à perdurer?
Mon territoire est un roman sombre, brutal et sans beaucoup d’espoir, un roman peuplé de criminels, d’alcooliques, de drogués et dans lequel la plupart des hommes sont des brutes épaisses auxquelles il a été enseigné qu’une fille n’a pas le droit de dire non. Le monde dépeint par Tess Sharpe est un monde impitoyable dans lequel la violence, les règlements de compte et la mort règnent en maîtres absolus; un monde où la plupart des hommes sont des bêtes avec du sang sur les mains et les femmes leurs victimes.
Dans ce monde évoluent toutefois quelques magnifiques personnages féminins, forts et déterminés mais non dénués d’imperfections et de craintes pour autant. Si elle a été parfaitement dressée par son père qui lui a appris très jeune déjà à se battre et à manier les armes, à réfléchir sans émotions et à tuer, Harley, soutenue par Mo notamment, une « rubinette » de la première heure pugnace et déterminée, ne pourra s’empêcher de questionner la brutalité de son mode de vie et de se révolter contre le destin que lui a tracé son père.
Une histoire de guerres, de pouvoir et de violence certes mais aussi et surtout une histoire de survie et de quête vers la liberté, Mon territoire est un premier roman noir percutant qui ne laissera pas indifférent!
« Je l’ai aimé, et je l’ai haï. Je l’ai adulé et je lui en ai voulu. Il m’a enfermée dans des cages, des coffres de voiture, il m’a mise en danger. Il m’a appris de bonnes choses, des choses utiles, des choses affreuses. Il s’est servi de moi et je me suis servie de lui, et j’ai survécu… »
Harley McKenna. Magnifique héritière malgré elle.

Barbed Wire Heart
Trad. Héloïse Esquié
Beau billet ! J’ai très envie de lire ce roman, j’aime ton avis, nuancé et enthousiaste.
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Merci et bonne future lecture 😉
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te voilà aussi enthousiasmée qu’Eva, du coup je le note – quand il arrivera à la BM .. mais là j’ai trop de lectures et de projets. Il attendra 2020 🙂 ta photo me rappelle des souvenirs de voyage !
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Je crois qu’on est tous dans la même situation 🙂 Au fait, tu as lu le dernier Farris Smith finalement? Il ne me semble pas…
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C’est vrai: aussi enthousiaste qu’Eva. C’est digne d’être noté!
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Je vais aller lire son avis!
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