Table pour trois à New York · Elie Bernheim

Jusqu’à récemment encore, je ne lisais pas de littérature suisse. En tant qu’Helvète, j’ai quand-même un peu honte de l’avouer mais la vérité est qu’elle ne m’intéressait pas. Conclusion: à l’exception de Derborence de Charles Ferdinand Ramuz et d’un titre unique de Friedrich Dürrenmatt, mes connaissances en matière de littérature suisse sont absolument et désespérément nulles.

La bonne nouvelle est que mon intérêt s’éveille depuis peu en partie grâce aux publications de l’emblématique maison d’édition genevoise Slatkine et de sa filiale française Slatkine & Cie. Je ne suis donc pas encore totalement irrécupérable… Si je connaissais déjà un peu les auteurs de polars Suisses romands en vogue depuis quelques temps, tels que Nicolas Feuz, Marc Voltenauer (lire ici) ou encore Joël Dicker, j’ai eu le plaisir ces derniers mois, grâce au Prix du Festival LÀC, de découvrir d’autres auteurs Romands tels que Roland Buti (lire ici), Raoul Pastor ou encore Joseph Incardona (lire ici). Enfin, j’ai tout récemment entendu parler des Genevois Elie Bernheim et Philip Taramarcaz.

Mais trêve de blabla: venons-en au premier roman de l’entrepreneur genevois Elie Bernheim dont la parution le 11 mai 2020 a coïncidé avec le début de la deuxième phase de déconfinement en Suisse.

Table pour trois à New York est un court roman à la mise en page très aérée que j’ai lu d’une traite en un peu moins d’une heure et demie. Elie Bernheim nous emmène de Paris à New York sur les traces d’un jeune couple en proie à une situation de vie difficile. Gabriel, talentueux chef déjà propriétaire d’un restaurant gastronomique à Paris, et sa femme Norah, trompettiste de renom, ont décidé de quitter Paris avec leurs deux enfants pour s’installer à New York où Gabriel a acheté un nouveau restaurant. C’est à partir de ce moment-là que le couple, pourtant amoureux et très soudé, commence à vaciller.

Le roman, rédigé sous la forme d’un journal intime couvrant une période de six mois, alterne les confidences, les interrogations et les craintes de quatre protagonistes: celles de Gabriel et de Norah, celles de Charles, le père de substitution de Gabriel, et celles d’Alicia, l’assistante et le bras droit de Gabriel. Ces personnages nous livrent petit à petit des indices qui, une fois additionnés, nous permettent d’appréhender la véritable nature du problème à l’origine de la crise que doivent affronter Gabriel et Norah.

Elie Bernheim propose dans son premier roman une intrigue plaisante mais qui reste selon moi trop en surface. Certains éléments ainsi que la psychologie des personnages auraient gagné à être davantage creusés d’autant plus que la combinaison des thématiques évoquées -musique, gastronomie et secrets familiaux- est originale et que l’auteur est lui-même musicien et fin gastronome.

Table pour trois à New York est un roman un peu trop léger à mon goût mais avec lequel j’ai malgré tout passé un agréable moment de lecture.

Slatkine, 290 pages, mai 2020.



© Pixabay

9 réflexions au sujet de “Table pour trois à New York · Elie Bernheim”

  1. Les cordonniers… hein ! En ce qui me concerne, j’aime beaucoup certains auteurs Suisses romands : Mélanie Richoz, Mélanie Chappuis, Lolvé Tillmanns, Damien Murith et bien d’autres, j’aime aussi Roland buti, Nicolas Feuz, mais ne connais pas encore l’écriture de Joseph Incardona, ni Elie Bernheim, ça ne saurait tarder. Merci pour cette belle chronique. Les Editions Slatkine sont une véritable mine d’or.

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    1. Je sais, j’en fais une belle de coordonnière 🤣
      Mélanie Chappuis, bien sûr! J’ai d’ailleurs lu « Ô vous, sœurs humaines » et j’aimerais beaucoup lire l’un de ses romans dont le genre me convient mieux que les nouvelles (vraiment très courtes dans son recueil).
      Merci pour les autres références, que je note précieusement! Si à tout hasard tu as des références pour des auteurs Suisses allemands, traduits ou pas (je suis bilingue), je prends aussi 😉
      Je saisis l’occasion pour t’informer qu’au mois de novembre aura lieu sur la blogosphère et Instagram la seconde édition de « Les feuilles allemandes », un mois consacré à la littérature allemande et plus globalement germanophone… Ta participation serait très appréciée 😊 Si ça te tente, tu peux trouver les infos relatives à la première édition sur le site de la blogueuse qui organise ce challenge: http://www.etsionbouquinait.com

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  2. je n’y connais absolument rien en littérature suisse, du coup ton billet m’intéresse ! et en tant que Française, si je découvre avec plaisir les classiques, j’aime très peu de contemporains (les thèmes ne m’attirent pas et le style ne passe pas souvent)
    Quand tu dis « Hélvète » je pense toujours à Astérix car c’est sans doute mon album préféré (avec le bout de pain tombé dans la fondue .. cette scène me fait rire à chaque fois que j’y repense!)

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    1. Contente de savoir que j’ai pu, grâce à mon ignorance, éveiller de l’intérêt 😃 J’ai vraiment envie de me plonger dans la littérature suisse, tant romande qu’allemande d’ailleurs et pourquoi pas italienne aussi. La Suisse a quatre langues nationales dont trois officielles, il y a de quoi faire!

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  3. je connais peu la littérature suisse …
    j’ai aimé « …l’affaire Harry Quebert » de Joël Dicker mais déception avec « Le livre des Baltimore » alors je me suis arrêtée là.
    J’ai « La soustraction des possibles » dans ma PAL pour faire la connaissance de Joseph Incardona qui a l’air très apprécié sur la blogosphère…
    par contre celui-ci est un illustre inconnu pour moi 🙂

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    1. J’ai aimé Harry Québert aussi même si le style m’a moins convaincue. Après mon immense fiasco avec « Stephanie Mailer » que j’ai abandonné très vite, je n’ai plus non plus eu envie de retenter l’expérience. Son style ne me convient vraiment pas malheureusement. « Le livre de Baltimore » est toujours dans ma pal…
      Ah Joseph Incardona! J’ai hâte de lire ton avis bientôt!
      Quant à l’illustre inconnu, il s’agit de son premier roman, ceci explique cela…

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