« Notre salut et notre perte sont en nous-mêmes. » (Epictète)
Quelle bonne découverte que ce premier roman de Philip Taramarcaz! Le médecin genevois signe avec Comme des Mohicans (2020) un roman d’aventures et d’apprentissage captivant et touchant.
Début juillet 1874, à l’Hospice du col du Simplon en Valais, Suisse. Séraphin, jeune novice de quinze ans s’apprête à fuir la congrégation où il vit depuis deux ans avec son ami d’enfance Gabriel. Contrairement à ce dernier, renfrogné et apathique depuis des semaines, Séraphin est révolté face à certains comportements et, doté d’un instinct de survie très fort, déterminé à fuir coûte que coûte sa rude existence montagnarde et communautaire. Sur son chemin vers la liberté, il rencontre Guérin, un adolescent du même âge exploité et maltraité par son oncle maternel, qui décide bientôt de joindre sa destinée à la sienne. Et voilà nos deux fuyards en route pour une aventure qui changera leur vie!
Du Col du Simplon dans les Alpes valaisannes au fleuve Mississipi en passant par la vallée du Rhône, le val d’Anniviers ou encore les faubourgs de Genève, Philip Taramarcaz nous emmène à la suite de ces deux jeunes qui ont eu le courage de s’opposer à l’ordre établi et de se battre pour un nouveau départ et une vie meilleure.
« Je sais que ta souffrance est intense, mais la cicatrisation est possible! Elle surviendra avec le temps si tu sais prendre soin de cette blessure. Il faut choisir la vie, c’est la seule option possible. »
Comme des Mohicans est un roman d’aventures foisonnant dans lequel il est question de vocation et de rêves, d’amitié et d’amour en tant que facteurs de résilience mais également de la vie au sein d’une communauté religieuse montagnarde, de littérature, de religion et de philosophie, de politique, de botanique et d’herboristerie, d’alpinisme ou encore d’horlogerie… Le tout agrémenté d’expressions issues du patois valaisan (expliquées dans un lexique en fin d’ouvrage) et de quelques extraits du célèbre roman de Fenimore Cooper qui sert de fil rouge à Comme des Mohicans.
L’auteur entremêle par ailleurs habilement fiction et faits/personnages historiques. Ainsi l’évocation de l’immigration valaisanne vers les Amériques ou de l’anticléricalisme genevois largement porté par le Conseiller d’Etat radical Carteret dans le dernier quart du XIXème siècle est particulièrement intéressante et évocatrice d’une réalité sociale, économique et politique fort différente d’un canton à l’autre.
Enfin, habitant Genève et profondément attachée au Valais (le hasard a voulu que je passe une semaine à Chandolin/Saint-Luc cet été, deux villages dont il est question dans le roman), j’ai pris grand plaisir à revisiter les lieux et à les imaginer tels qu’ils devaient être à la fin du XIXème siècle.

© Photo by Livr’escapades, Chandolin/Saint-Luc, août 2020.
Je note ce roman, tu m’as donné très envie de le découvrir !
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