En parcourant les rayons de ma bibliothèque municipale à la recherche d’auteurs suisses allemands, je suis tombée sur ce petit roman de Peter Stamm. Aucun résumé ne figurant sur la quatrième de couverture de la version originale, je l’ai emprunté en ignorant tout de son contenu. Mais peu m’importait au fond car le titre me plaisait (Weit über das Land signifie littéralement « Loin au-dessus de la terre ») et puis j’avais là une belle occasion de découvrir la plume et l’univers d’un auteur dont je n’avais encore jamais rien lu. Et quelle découverte. Un raz-de-marée. Dix jours après, je ne m’en suis toujours pas remise.
Depuis la parution de son premier roman Agnes (1998), le dramaturge et écrivain suisse allemand Peter Stamm (1963) a publié six romans -tous traduits en français-, cinq recueils de nouvelles et plusieurs pièces de théâtre destinées à la radio. Il est considéré comme l’une des grandes voix de la littérature germanophone contemporaine.
L’un l’autre (2017) est la chronique d’un cataclysme personnel et familial. Celle de la disparition aussi brutale qu’inexpliquée de Thomas, un homme, un mari et un père qui, au milieu d’une agréable soirée d’été, se lève soudainement du banc où quelques minutes plus tôt il buvait encore un verre de vin avec sa femme Astrid, traverse le jardin, ouvre le portail et s’en va. Pour ne plus jamais revenir.
L’un l’autre se construit sur l’alternance de deux quêtes: celle d’une femme pour retrouver son mari et celle d’un homme pour donner un nouveau sens à sa vie. Peter Stamm se penche ainsi à la fois sur le cheminement de Thomas, cet homme qui a subitement choisi de quitter sa femme, ses enfants, sa maison et son emploi pour vivre libre et sans attaches au plus près de la nature, et sur le combat d’Astrid, cette femme, cette épouse et cette mère qui doit affronter l’incompréhension et l’absence, gérer les nombreuses difficultés du quotidien et se reconstruire, pour elle et pour ses deux enfants.
Dans ce court mais très intense roman au style épuré mais non moins percutant, Peter Stamm soulève d’intéressantes questions mais ne donne que peu de réponses. Jamais il ne juge, ni ne condamne. Chacun est libre de se forger sa propre opinion.
J’ai terminé L’un l’autre à bout de souffle avec le sentiment d’avoir lu un roman très particulier, étrange et envoûtant, surprenant et troublant, aussi dérangeant que poignant et lumineux…
Un roman coup de poing que je ne suis pas prête d’oublier.

Lu dans le cadre du mois thématique « Les feuilles allemandes »

Très intéressant thème ….. Je note 🙂
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Et traité de façon tout aussi intéressante… L’alternance entre le cheminement de Thomas et celui d’Astrid est très réussi et donne une vision d’ensemble très complète de la situation, de la façon dont chacun vit ce cataclysme. Et puis j’ai été surprise par la tournure qu’a pris le roman et encore beaucoup plus par le fait que j’ai totalement adhéré au choix qu’a fait l’auteur, un choix littéraire que généralement je n’aime pas trop. Mais ici tout est parfaitement orchestré. Ce livre m’a bouleversée.
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je note aussi pour l’an prochain du coup !
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Bonne idée 🙂
Peter Stamm fera partie de la prochaine édition pour moi aussi. Quelle magnifique découverte !
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Je ne connais que trop peu les auteurs de langue allemande mais je ne demande qu’à en découvrir. Merci pour cette belle analyse des oeuvres de Peter Stamm. Je vais certainement m’y plonger 🙂
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Nous allons publier le bilan de ce mois thématique dans quelques jours, il y a de belles découvertes à faire 🙂 Merci de votre intérêt!
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Les nouveaux départs radicaux m’intriguent et me fascinent toujours autant. D’autant plus qu’ici, les «deux côtés de la médaille» sont présentés.
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Oh, je note ce titre ! Ton enthousiasme m’a convaincue, et ton billet m’intrigue !
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Si, après un tel billet, on ne voit pas affluer les participations dans la « catégorie littérature suisse allemande » en novembre 2022, je ne comprends plus rien 🙂
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