C’est avec son sixième roman, Le jeune homme au bras fantôme (2021), que j’ai découvert Hélène Bonafous-Murat. Comme je me suis sentie bien dans ce roman!
La spécialiste en estampes et romancière française Hélène Bonafous-Murat (1968) s’est inspirée de faits réels pour écrire à la fois un beau roman d’apprentissage autour du handicap et un roman historique d’atmosphère dans le Paris des années 1850.

A l’origine de Le jeune homme au bras fantôme se trouve cette lithographie d’Honoré Daumier (1808-1879) qui dénonce les événements tragiques survenus le 14 avril 1834 dans l’immeuble du 12, rue Transnonain à Paris. Dans cet immeuble soupçonné d’abriter des opposants au régime de Louis-Philippe, douze civils innocents ont perdu la vie lors d’une violente attaque orchestrée par le préfet de police Gisquet.
Parmi les survivants se trouvait Charles Hû, un petit garçon de six ans qu’Hélène Bonafous-Murat a choisi de placer au centre de son roman. Lors de l’assaut, le garçonnet reçut un coup de baïonnette et une balle qui lui ont valu d’être amputé de son bras droit deux semaines plus tard. Il perdit également son père ce jour-là. Comme elle nous l’explique dans sa note en fin d’ouvrage, le personnage principal de Le jeune homme au bras fantôme représente un « double fictif plus heureux », le véritable Charles ayant très probablement vécu au ban de la société en raison de son handicap.
« Là d’où je viens, c’est la terre qui compte, plus que les gens. Il faut toujours penser à son bien, à le préserver, à l’agrandir. Et il n’y a pas de pitié pour les faibles. Au moins, à la ville, c’est différent. Chacun à sa chance. Regarde ton patron: il a misé sur toi, et il a eu raison. »
Orphelin de père, sans ressources et privé de son bras droit, Charles n’avait que très peu de chances de mener une vie normale. Grâce au soutien inconditionnel de son amie Pauline et à ses retrouvailles dix-sept ans plus tard avec Francisque, un autre rescapé du massacre de la rue Transnonain, Charles peut pour la première fois de sa vie envisager un futur différent. Jeune horloger créatif et très doué doté d’un esprit vif et innovateur, Francisque invente et met au point pour son ami un mécanisme révolutionnaire: une prothèse de bras. Cette invention permet dès lors à Charles de s’insérer socialement en obtenant pour la première fois de sa vie un emploi. C’est au Comptoir national d’annonces dirigé par Norbert Estibal, un investisseur acharné au cerveau en constante ébullition dont le seul but dans la vie est celui de développer à tout va de nouvelles activités pour accroître sa fortune et son empire, que le destin de Charles prendra une tournure inattendue.
Grâce à des descriptions soignées et une atmosphère très bien retranscrite, Hélène Bonafous-Murat nous plonge de façon très immersive et réaliste dans le Paris des années 1850, une ville en pleine mutation architecturale et sociale. Le paysage urbain change en profondeur, la publicité apparaît dans la presse, l’entrepreneuriat se développe à tout va. Paris se tourne résolument vers son avenir mais reste encore et toujours une société fragmentée abritant de nombreux laissés-pour-compte qui doivent se battre au quotidien pour leur survie.
Le jeune homme au bras fantôme est un roman historique captivant et une belle histoire de résilience portée par un personnage principal extrêmement attachant. Un régal de lecture!
Mon seul bémol? Qu’il ait fallu quitter un peu trop vite Charles, Lisette, Francisque et Pauline…

« Vous n’avez pas besoin d’être handicapé pour être différent, car nous sommes tous différents » (Daniel Tammet)
Cette lecture s’inscrit dans le cadre de l’année thématique « Autour du handicap » organisée par Eva, Patrice et Ingannmic.

Très belle chronique et un ressenti identique au mien : un vraiment très beau roman !
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C’est une très belle découverte! Et comme on se sent bien avec ces personnages…
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Tu m’as donné envie de découvrir ce roman. J’aime beaucoup les romans historiques et une sortie à Paris du 19ème me ferait du bien en ce moment 🙂
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Tu aimerais beaucoup!
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Jolie chronique sur un livre que je n’aurai peut-être pas remarqué. Merci 🙂
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Avec plaisir 🙂 Ce fut vraiment une belle découverte, j’en aurais volontiers pris 200 pages de plus.
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Merci pour cette découverte, les thématiques abordées, le contexte et ta belle et intéressante chronique ont éveillé ma curiosité !
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Le contexte historique est vraiment intéressant et bien retranscrit, les personnages sont très attachants et puis, cette atmosphère… C’est le genre de livres qu’on n’a pas envie de terminer tellement on s’y sent bien. N’hésite pas si tu le croises.
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Déjà une 2e participation, et avec une belle proposition, merci !
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J’ai repéré plusieurs autres titres, je te dis donc à bientôt 🙂
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je croyais que le challenge commençait en 2022… jolie chronique !
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