Défriche coupe brûle · Claudia Hernández

Je ne me dirige que rarement vers la littérature latino-américaine que je connais très peu mais il arrive qu’un titre et/ou un résumé m’intriguent suffisamment pour me donner envie de partir à la découverte d’un auteur et d’un pays d’Amérique centrale ou du Sud. En cette fin d’année, j’ai voulu mettre le cap sur le Salvador.

Après six recueils de nouvelles, l’autrice salvadorienne Claudia Hernández (1975) signe avec Défriche coupe brûle (2021) un premier roman fort et éminemment féminin autour du difficile retour à la vie civile d’une ancienne combattante.

Dans un style brut et sans identification claire des différents personnages et des lieux, Claudia Hernández revient, à travers le quotidien très précaire d’une mère de cinq filles dont l’aînée lui a été arrachée à la naissance, sur de nombreuses problématiques liées -on le devine- à la longue guerre civile qui a déchiré le Salvador entre 1979 et 1992.

Dans un va-et-vient non linéaire entre passé et présent, elle évoque d’une part le rôle central joué par la mère de famille au sein des divers groupes de guérilleros retranchés dans les montagnes pendant la guerre et d’autre part les nombreuses difficultés économiques et sociales auxquelles elle reste confrontée des années après la fin du conflit. Stigmatisée et reléguée au rang d’être inférieur dans une société conservatrice encore fortement dominée par le patriarcat, elle se démène au quotidien pour survivre et tenter d’offrir une vie meilleure à ses filles. Si le conflit armé est officiellement terminé, la violence reste omniprésente, particulièrement envers les femmes.

En optant pour l’anonymat des lieux et des personnages, Claudia Hernández souligne l’universalité des destins féminins. Elle aborde les difficiles questions de la démobilisation et du retour à la vie civile des ex-combattantes malgré les programmes de réinsertion, les processus de pacification et de reconstruction nationale. En parallèle, elle se penche sur les thématiques de la maternité et de la filiation.

Si l’absence d’identification claire des personnages et la narration déstructurée alternant discours indirect libre et monologues intérieurs m’ont parfois déroutée, Défriche coupe brûle reste un roman très intéressant et, malgré l’écriture factuelle, distante et relativement froide, profondément humain.

Note : 3.5 sur 5.
Métailié, mars 2021, 304 pages.

Roza tumba quema (2017)
Trad. René Solis

3 réflexions au sujet de “Défriche coupe brûle · Claudia Hernández”

  1. je pense que comme toi la narration déstructurée et l’anonymat m’auraient gênée par contre j’aime la littérature sud-américaine et ravie de te voir aller dans cette direction !

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