Isabelle Desesquelles a provoqué un raz-de-marée dans ma vie de lectrice. Elle est entrée dans mon coeur sans crier gare par un beau jour de juillet 2018, s’y est installée et n’en est plus jamais partie.
Il y a quelques heures, j’ai appris qu’à la fin août -après trois ans de silence absolu- paraîtra son nouveau roman, Là où je nous entraîne (2022). Mon coeur a chaviré.
Je profite de cette magnifique nouvelle pour reproduire ci-dessous deux billets écrits avant la création de mon blog, en espérant qu’ils vous donneront envie de (re)lire Isabelle Desesquelles.

· Je voudrais que la nuit me prenne ·
C’est la gorge serrée que j’ai refermé ce très beau roman d’Isabelle Desesquelles. Je voudrais que la nuit me prenne (2018) est une plongée poétique et poignante dans le monde d’une enfant heureuse, choyée et aimée avant qu’un drame ne dévaste tout.
C’est à travers les mots et le regard de Clémence que nous découvrons les événements marquants de sa jeune vie. La fillette de huit ans grandit dans un foyer rempli de fantaisie, de douceur, d’amour et de bonheur entre une mère un peu fofolle et un père instituteur, entre son amoureux Just et sa cousine Lise, sans oublier Trottinette la tortue. Malheureusement, le bonheur est éphémère et très fragile.
Le malheur s’invite de façon inattendue et très brutale, provoquant un changement de ton et d’atmosphère. L’auteure -qui nous réserve une surprise de taille- alterne désormais le présent douloureux de la Camille de vingt-quatre ans et les souvenirs du passé heureux et insouciant de la fillette de huit ans. Si on décèle parfaitement le profond mal-être provoqué par un terrible événement, le mystère quant à sa nature reste entier et il faudra attendre les toutes dernières pages pour mesurer véritablement toute l’ampleur et l’infinie tristesse de ce drame. Un drame décrit en à peine une phrase, avec pudeur et poésie.
Je voudrais que la nuit me prenne est un roman surprenant et singulier, un roman très touchant sur ce qui a été et sur ce qui ne sera jamais, sur la douceur de l’enfance, sur l’amour inconditionnel de deux parents pour leur fille et sur celui qu’ils se portaient, mais aussi sur la douleur incommensurable provoquée par une tragédie et sur la nécessité d’avancer et de se réinventer malgré tout.
Je ne connaissais pas Isabelle Desesquelles avant de lire ce livre et je me réjouis de découvrir ses précédents romans tant j’ai été séduite par son écriture. Une écriture empreinte de douceur, de sensibilité et de poésie qui évoque avec infiniment de justesse non seulement l’insouciance de l’enfance mais également les difficultés d’une vie marquée par la douleur, l’absence et la perte.


· UnPur ·
« Quand le passé n’est jamais assez loin, le présent paraît hors de portée. »
À un demi siècle et une poussière, Benjamin est enfin prêt à retrouver Julien, ce frère jumeau qu’il a perdu un jour d’été plus de quarante ans plus tôt. Dans l’attente de pouvoir lui avouer toute la vérité sur le désastre que fut sa vie, il se souvient.
Il se souvient de Venise, là où tout a commencé. De cette ville où en l’espace de trois petites minutes, trois vies ont basculé dans l’horreur absolue. De Venise et de sa mère, cette femme fantasque, extravagante, exubérante et exaltée, cette mère tout sauf exemplaire mais qui aimait ses fils plus que tout au monde.
Il se souvient du Gargouilleur et de sa femme. De ce pédophile qui a fait de Benjamin un homme perdu et un prisonnier consentant. Un homme brisé, « infecté qui se tiendra toute sa vie au bord d’une brèche vertigineuse ».
Il se souvient de Régia enfin. De celle qui a changé le cours de sa vie et grâce à laquelle il a pu, quelque part au Brésil, trouver « un interstice pour continuer de vivre ».
À un demi siècle et une poussière, Benjaminquejetaime est enfin prêt à renouer avec son pareil, Julienquejetaime.
Avec UnPur (2019), Isabelle Desesquelles raconte la perte brutale de l’enfance et de l’innocence à travers les yeux d’une victime de pédophilie. Elle dit les vies volées et les souffrances infinies. La peur, la culpabilité et les regrets. Elle dit l’indicible, raconte la violence extrême, les mensonges et la manipulation. Mais elle dit aussi l’amour et la loyauté. Immenses. Infinies.
Comment se reconstruire après avoir vécu un tel enfer? Une victime ayant été violentée au delà de l’imaginable devient-elle à son tour bourreau?
UnPur est un roman douloureux, sombre et dérangeant. Cru et poétique à la fois. C’est un roman qui déchire le cœur et retourne l’estomac. Un livre que j’ai refermé la gorge serrée et le cœur lourd. Mais malgré les thématiques difficiles et la noirceur de son univers, Isabelle Desesquelles me touche profondément. Si la singularité de son style peut surprendre, l’intensité et la beauté de sa plume ne laisseront pas indifférents. Une plume qui me fascine, m’envoûte, me subjugue.
Loin de la douceur de son précédent roman -du moins de sa première partie-, le bouleversant et très poétique Je voudrais que la nuit me prenne, UnPur confirme toutefois ce que je ressentais déjà l’été dernier: Isabelle Desesquelles est une merveilleuse découverte, une auteure que je suivrai dorénavant les yeux fermés!

une très belle déclaration d’amour à une autrice ! j’espère que le prochain sera aussi bon
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Tu as beaucoup de chance, c’est formidable de trouver des auteurs qu’on adore et qu’on se réjouit de lire ! La fin des vacances d’été aura donc un parfum particulier cette année !
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une de mes prochaines lectures.
J’ai bien aimé « UnPur »
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