J’ai découvert l’auteur écossais Mick Kitson avec son dernier roman dont le thème et la période historique m’ont beaucoup intéressée.
Dans son troisième roman après Manuel de survie à l’usage des jeunes filles (2018) et Analphabète (2021), Mick Kitson s’est inspiré de l’histoire de son arrière-grand-mère pour nous livrer un beau portrait féminin et nous plonger de façon très immersive dans l’Angleterre de la fin des années 1830.
Enceinte de son septième enfant et incapable de subvenir aux besoins de sa famille nombreuse après le décès brutal de son mari, Keziah Loveridge se voit contrainte de vendre l’aînée de ses filles pour pouvoir sauver ses autres enfants.
« J’avais l’impression de m’enfoncer dans un trou noir à chaque pas à l’idée de plus voir maman, Tass, Benny, Mercy et Charity. Mais on arrête pas de perdre des choses dans cette vie: on avait perdu Big Tom et après on avait perdu Cobble, et on avait aussi perdu la roulotte et tout. Et là, j’étais sur le point de les perdre, eux. Et si maman mangeait pas de pain, elle allait perdre ce petiot. »
Du haut de ses neuf ans, Annie ressent déjà toute la violence et l’injustice de ce monde et se soumet, résignée, à son destin en suivant son grand frère Tom qui l’emmène à la foire où elle est achetée par un géant aussi imposant que repoussant. Ancien champion de boxe à mains nues inspirant à la fois crainte et respect autour de lui, Bill Perry alias le Slasher de Tipton se révèle être un homme au coeur tendre prêt à tout pour défendre l’honneur et la vie de celle qu’il a, dès le premier jour, considéré comme sa fille.
« Dans cette vie, une gazille est en sécurité seulement si elle prend sa revanche et que tout le monde le sait. »
A son contact, Annie apprend à se battre, pour sa survie en tant que femme dans un monde dominé par la violence des hommes mais également pour celle de Bill, ce père de substitution dont la générosité sans limite a provoqué leur perte. Etranglé par les dettes, menacé de prison, il n’a d’autre choix que d’organiser des combats de boxe clandestins auxquels Annie décide de participer contre l’avis de Bill.
En alternant la première et la troisième personne du singulier, Mick Kitson brosse d’une part le beau portrait d’une fillette sacrifiée devenue une jeune femme forte, volontaire et déterminée et se penche d’autre part sur les terribles conditions de vie des populations marginalisées, telles que les enfants, les femmes, les ouvriers ou encore les roms, communauté dont est issue Annie.
Le contexte historique et social du Black Country au milieu du XIXème siècle est passionnant et très bien retranscrit. L’époque est certes marquée par d’importantes avancées industrielles mais également par des luttes ouvrières. Elle voit par ailleurs émerger des initiatives pour améliorer les conditions de vie des populations pauvres. L’idée que la condition sociale des classes défavorisées puisse être améliorée grâce à l’éducation, l’écriture et l’arithmétique de base notamment, commence ainsi à faire son chemin au sein de l’Eglise et se traduit dans le roman par l’ouverture d’une école réservée aux pauvres dans laquelle Annie sera invitée à suivre des cours.
S’il est bien documenté et nous plonge de façon très réaliste et immersive dans les bas-fonds des villes du Black Country, Poids plume reste très romanesque et fait la part belle à toute une galerie de personnages truculents, rendant la lecture fluide et captivante.

Featherweight (2021)
Trad. Céline Schwaller
Photo © Pixabay
Manuel de survie à l’usage des jeunes filles m’ayant quelque peu refroidie, je m’étais dit que je ne lirai plus cet auteur… Alors qu’en sera-t-il ?
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Je me souviens très bien de ta chronique et de celle d’Ingrid. Je n’ai pas lu « Manuel… » et ne peux donc pas me prononcer mais j’ai aimé celui-ci, malgré le fait que certains dialogues m’aient fait tiquer.
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Idem, puisque la LC de Manuel de survie… faite en compagnie de Krol m’a laissée sur une impression négative. Je passe donc pour l’instant, malgré les atouts de ce roman que tu mets très bien en avant.
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Je me souviens de vos deux chroniques et le moins que l’on puisse dire c’est que vous ne m’avez pas donné envie de sortir « Manuel… » de ma pal haha. Le contexte historique et social dans celui-ci m’a beaucoup plu et m’a semblé très bien retranscrit. Après, les personnages sont vraiment hauts en couleurs et certains dialogues ne sont pas très réalistes, mais c’est peut-être la marque de fabrique de l’auteur…
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Eh bien moi je garde un bon souvenir du « Manuel de survie… » et ta chronique me donne envie de découvrir ce titre-là aussi.
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Le contexte historique et social m’a beaucoup plu. Quant aux personnages, ils sont hauts en couleurs et j’ai parfois eu un peu de peine à croire aux dialogues. Mais l’ensemble a tout de même bien fonctionné. « Manuel… » est dans ma pal. Bonne future lecture à toi.
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j’avais beaucoup aimé Manuel de Survie, je ne demande plus trop de SP car depuis quelques mois, lire est très compliqué, mais je le note quand même !
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Je sais, tu as totalement disparu! J’espère que le caribou et toi pourrez reprendre du service régulier bientôt. Bon courage!
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merci ! je suis en train de terminer un livre, donc on y croit ! je reprends tout doucement, et j’ai quelques billets à rédiger
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Je viens de lire ce beau roman et j’ai plaisir à lire cette chronique dont je partage l’enthousiasme !
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Je file vous lire.
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