Après un petit détour par la Lituanie, j’ai voulu retourner en Pologne pour retrouver un auteur devenu pour moi incontournable au mois de mars dans le cadre du « Mois de l’Europe de l’Est ».
Les ombres (2021) est le cinquième et dernier volet de la série policière que le romancier polonais Wojciech Chmielarz (1984) a consacrée à l’inspecteur de la Criminelle de Varsovie Jakub Mortka, alias le Kub.
Dans ce dernier tome -un beau petit pavé de plus de cinq cents pages-, l’auteur nous sert deux enquêtes criminelles parallèles tout en mettant le doigt sur tout ce qui ne fonctionne pas à Varsovie, capitale gangrenée par la corruption à grande échelle et jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Lorsque la femme et la fille d’un criminel disparu depuis des années sont retrouvées mortes, tous les indices semblent désigner Dariusz Kochan, l’ancien adjoint de Mortka relégué aux affaires non résolues à la suite d’une série de comportements choquants et inacceptables. Son arme de service ayant été retrouvée sur les lieux du crime, personne ne doute de la culpabilité du policier, « boxeur de dames, meurtrier, alcoolique ». Personne sauf le Kub qui malgré sa profonde aversion pour Kochan ne peut rester les bras croisés en attendant que la situation dégénère. Fidèle à lui-même, il décide de mener l’enquête et tant pis si sa hiérarchie le lui interdit et le menace de le traîner une nouvelle fois devant le conseil de discipline.
Parallèlement, la lieutenante Suchocka alias la Sèche, se retrouve en possession de la vidéo d’un viol collectif commis par plusieurs personnalités polonaises. Intimement persuadée que l’affaire sera étouffée si elle remet la vidéo à sa hiérarchie, elle décide elle aussi de faire cavalier seul. Ni elle ni le Kub ne se doutent encore que leurs deux affaires sont liées.
Un puissant lobbyiste, des politiciens, des criminels en tous genres dont notamment le tristement célèbre Borzestowski, « le gangster traqué sans succès (…) par toute la police de Varsovie » qui fait trembler toute la ville depuis des années (et depuis le premier tome), des prostitués masculins, des femmes sous influence, sans oublier les policiers et les procureurs… Voilà une belle brochette de personnages véreux grâce à laquelle Wojciech Chmierlaz dénonce une fois de plus les irrégularités et les divers dysfonctionnements étatiques ainsi que la violence et l’exploitation des êtres humains.
Dans ce dernier volet, l’auteur se réfère à plusieurs reprises, même si ce n’est que brièvement, à des affaires et enquêtes antérieures et impose à certains de ses personnages de se souvenir de certains éléments d’un passé qu’ils auraient préféré oublier. Il est donc préférable de lire la série dans l’ordre*.
Les ombres vient clore une très bonne série policière qui a le mérite de soulever des problématiques diverses liées à la violence économique, sociale et politique à l’oeuvre dans la Pologne d’aujourd’hui.
*La série dans l’ordre : Pyromane (2017), La ferme aux poupées (2018), La Colombienne (2019), La Cité des rêves (2020).

Cienie (2018)
Traduit du polonais
par Caroline Raszka-Dewez

Je n’ai lu que Pyromane… ce n’est pas que je n’aie pas aimé, c’est que d’autres policiers ou séries de policiers m’ont plus donné envie de continuer.
J’aimeJ’aime
Je comprends, le premier n’était pas le meilleur…
J’aimeJ’aime
Oui, c’est un incontournable de notre mois thématique ! Merci pour cette chronique ! 500 pages, mais à te lire, il y a du contenu et des rebondissements dans ce livre – très tentant 🙂
J’aimeJ’aime
Chmierlaz a habilement clôturé sa série. J’espère qu’il écrira d’autres romans policiers à l’avenir car ses romans mettant en scène des zombies me tentent nettement moins 😅
J’aimeAimé par 1 personne