Fast genial · Benedict Wells

Lorsque Eva et Patrice du blog Et si on bouquinait un peu? ont décidé de mettre à l’honneur les écrivains d’expression allemande pendant tout le mois de novembre, je n’ai pas hésité une seconde! J’ai farfouillé dans ma gigantesque pile à lire et y ai déniché quelques romans à lire pour cette première édition de « Les feuilles allemandes » (voir ici). Etant bilingue, j’ai souhaité lire ces romans dans leur version originale, mais ceci n’est bien évidemment pas obligatoire!

Grande amatrice de Benedict Wells depuis que j’ai découvert il y a tout pile deux ans son magnifique et bouleversant La fin de la solitude (lire ici), c’est tout naturellement que je me suis tournée vers Fast genial, le dernier titre qu’il me restait à lire de l’auteur après Becks letzter Sommer, Spinner et son tout récent recueil de nouvelles La vérité sur le mensonge.

À 17 ans, Francis est déjà désillusionné. Il vit avec sa mère dépressive dans une caravane depuis que son beau-père les a abandonnés en emmenant avec lui son demi-frère. Sa mère ne travaillant pas en raison de sa santé mentale fragile, leur situation socio-économique est plus que précaire et Francis dépérit dans cette petite ville du New Jersey. Ses perspectives d’avenir lui paraissent en effet bien sombres et ses rêves de fuir cette vie de misère semblent très clairement compromis.

Lorsque sa mère, une énième fois internée en psychiatrie, commet une tentative de suicide, la vie de Francis prend subitement une tournure très inattendue. Sa mère, dans sa lettre d’adieu, lui révèle en effet toute la vérité sur ses origines. Fort de cette incroyable révélation et tenant là enfin une chance d’échapper à sa misérable condition, il convainc son meilleur ami Groover, un génie solitaire, de l’accompagner dans ce qu’il considère être l’aventure de sa vie. Anne-May, une fille suicidaire rencontrée dans l’unité de soin dans laquelle est hospitalisée sa mère, s’invite au dernier moment. Et voilà nos trois ados embarqués à bord d’une vieille Chevrolet pour un road trip mémorable à travers les Etats-Unis!

Fast genial qu’on traduirait en français par Presque génial– repose sur une histoire vraie et retrace le parcours de l’un des enfants nés « grâce » à la banque de sperme des génies. Créée en 1982 par un millionnaire américain dont le rêve insensé était d’améliorer la race humaine, la banque a vu plus de deux cents enfants y naître au cours de ses vingt ans d’existence.

La quête identitaire, thème cher à Benedict Wells, est abordé ici en relation avec la procréation médicalement assistée dans un but purement expérimental. Il soulève ainsi, sans toutefois la creuser, la question cruciale des potentielles dérives liées à des pratiques eugéniques. Par ailleurs, il s’interroge sur l’éternel débat entre inné et acquis ou, en d’autres termes, entre nature et culture. Quelle est l’importance du patrimoine génétique et de l’environnement socio-économique dans la détermination des compétences intellectuelles d’un enfant?

Bien qu’il manque parfois d’un peu de profondeur et que les thèmes centraux auraient mérité d’être davantage approfondis, Fast genial reste un roman fort divertissant à lire en raison notamment de plusieurs rebondissements qui participent à tenir le lecteur en haleine. Un bémol toutefois: la fin! Comment l’auteur peut-il nous faire ça après avoir autant joué avec nos nerfs?! Je n’en reviens toujours pas.

Diogenes, septembre 2012, 321 pages.

8 réflexions au sujet de “Fast genial · Benedict Wells”

  1. J’ai lu deux livres de Benedict Wells – La fin de la solitude et le livre sur Beck. Le premier m’a énormément touchée, c’est une histoire mélancolique et tendre. Je n’ai pas lu celui-ci, mais c’est sûr – Wells est un auteur à découvrir. En plus, il est jeune, donc je pense que d’autres romans intéressants nous attendent ! 🙂
    Merci beaucoup pour ta participation.

    Aimé par 1 personne

    1. “La fin de la solitude“, sans hésiter! Il est absolument magnifique, terriblement poignant! J’aurais dû le préciser: « Fast genial » et « Spinner » n’ont pas encore été traduits en français mais les trois autres titres sont disponibles chez Slatkine et Cie. « La fin de la solitude » est paru en poche entretemps. J’espère que tu le liras, je serais très curieuse de savoir ce que tu en penses.

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