Après ma lecture il y a trois ans du bouleversant et magnifique La fin de la solitude (2017), le dernier roman de l’auteur allemand Benedict Wells mais le premier traduit en français par les Editions Slatkine & Cie, je m’étais empressée d’acheter en vo tous ses précédents romans! A l’occasion de la rentrée littéraire et de la parution en français de Fast genial, j’ai eu envie de ressortir du placard et de dépoussiérer le billet que j’avais publié sur ce roman l’année dernière. Bon voyage!
À dix-sept ans, Francis est déjà désillusionné. Il vit avec sa mère dépressive dans une caravane depuis que son beau-père les a abandonnés en emmenant avec lui son demi-frère. Sa mère ne travaillant pas en raison de sa santé mentale fragile, leur situation socio-économique est plus que précaire et Francis dépérit dans cette petite ville du New Jersey. Ses perspectives d’avenir lui paraissent en effet bien sombres et ses chances de fuir cette vie de misère semblent très clairement compromises.
Lorsque sa mère, une énième fois internée en psychiatrie, commet une tentative de suicide, la vie de Francis prend subitement une tournure très inattendue. Dans sa lettre d’adieu, elle lui révèle en effet toute la vérité sur ses origines. Fort de cette incroyable révélation et tenant là enfin une chance d’échapper à sa misérable condition, il convainc son meilleur ami Groover, un génie solitaire, de l’accompagner dans ce qu’il considère être l’aventure de sa vie. Anne-May, une fille suicidaire rencontrée dans l’unité de soin dans laquelle est hospitalisée sa mère, s’invite au dernier moment. Et voilà nos trois ados embarqués à bord d’une vieille Chevrolet pour un road trip mémorable à travers les Etats-Unis!
Fast genial –qu’on traduirait en français par Presque génial– repose sur une histoire vraie et retrace le parcours de l’un des enfants nés « grâce » à la banque de sperme des génies. Créée en 1982 par un millionnaire américain dont le rêve insensé était d’améliorer la race humaine, la banque a vu plus de deux cents enfants y naître au cours de ses vingt ans d’existence.
La quête identitaire, thème cher à Benedict Wells, est abordé ici en relation avec la procréation médicalement assistée dans un but expérimental. Il soulève ainsi, sans toutefois la creuser, la question cruciale des potentielles dérives liées à des pratiques eugéniques. Par ailleurs, il s’interroge sur l’éternel débat entre inné et acquis ou, en d’autres termes, entre nature et culture. Quelle est l’importance du patrimoine génétique et de l’environnement socio-économique dans la détermination des compétences intellectuelles d’un enfant?
Bien qu’il manque parfois d’un peu de profondeur et que les thèmes centraux auraient selon moi mérité d’être davantage approfondis, Fast genial reste un roman très divertissant à lire en raison notamment de plusieurs rebondissements qui participent à tenir le lecteur en haleine. Un petit bémol toutefois: la fin! Comment l’auteur a-t-il pu nous faire ça après avoir autant joué avec nos nerfs?! Je n’en reviens toujours pas.

Fast genial (2012)
Trad. Dominique Autrand
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