Lors de mes vacances en Frise du Nord à la mi-septembre, j’ai découvert que Husum était la ville de naissance et de coeur de l’écrivain et poète Theodor Storm. Je me devais donc de lire l’un de ses très nombreux écrits.
Theodor Storm (1817-1888) était un notable prussien, avocat à Husum jusqu’à ce que la nouvelle Constitution proclamée par les Danois en 1848 et le statut envisagé pour le Land du Schleswig-Holstein le poussent quelques années plus tard à quitter la ville et la région en signe de désapprobation. Après dix ans d’exil il revient à Husum où il est nommé juge et responsable de la police et des affaires de tutelles. Son oeuvre, composée de près de quarante nouvelles et romans, de nombreux poèmes et de cinq contes, raconte l’amour, la nature et son attachement à l’Allemagne.
Der Schimmelreiter (1888), paru en français sous le titre L’homme au cheval blanc, fut publié quelques mois avant sa mort et semble être son texte le plus connu. Cette longue nouvelle (ou court roman?) se construit autour de trois narrateurs et de trois niveaux temporels. Je n’évoquerai que brièvement le troisième niveau, le principal, qui nous plonge au milieu du XVIIIème siècle dans un bourg nord-frison du bord de la mer des Wadden.
Fils de paysan et de géomètre, Hauke Haien est fasciné par les mathématiques et montre très jeune déjà d’excellentes aptitudes dans ce domaine. Mis à l’écart par les jeunes du village qui ne partagent pas ses centres d’intérêt, il passe beaucoup de temps à observer la nature, en particulier la mer et les vagues qui viennent frapper la digue du village. Obsédé par l’idée de concevoir un jour une digue suffisamment solide pour protéger à très long terme le village, il se rêve futur Deichgraf, littéralement « comte de la digue », responsable en chef de tous les travaux relatifs à la digue. Les années passent, Hauke Haien se perfectionne, se marie, devient Deichgraf puis père. Le temps est enfin venu pour lui de tout mettre en oeuvre pour pouvoir accomplir son rêve d’adolescent. C’est sur le dos d’un cheval blanc qu’il parcourt désormais la région et supervise tous les travaux. Hélas, les choses ne se déroulent pas comme prévu.
A travers l’histoire de Hauke Haien, Theodor Storm remonte aux origines d’une croyance nord-frisonne: celle de l’homme au cheval blanc qui apparaîtrait systématiquement sur les digues de la région lors de fortes tempêtes. Cet homme représente le savoir et la raison et évolue en opposition aux paysans du coin dont la vie semble régie par diverses croyances et superstitions. Theodor Storm accorde par ailleurs dans son texte une place centrale à la nature dont il décrit avec beaucoup de réalisme à la fois la beauté et la cruauté.
J’ai aimé lire les mots de Theodor Storm et partir à la rencontre de Hauke Haien. J’ai aussi replongé avec joie dans les souvenirs de mes longues randonnées au bord de la mer des Wadden. J’ai marché non pas sur la digue Hauke-Haien-Koog mais sur celle, entre autres, de l’île de Pellworm (photos personnelles ci-dessous). Malgré un vent à décorner les boeufs, je m’y suis sentie tellement bien, parfaitement en paix. J’ai marché, seule, des heures durant dans ces paysages marins fouettés par les vents, les moutons et les oiseaux pour seuls compagnons. Bonheur. Liberté. Gratitude infinie.
Livr'escapades 
Merci ! Grâce à toi, j’apprends plein de chose sur la littérature et la culture allemande. J’apprécie aussi beaucoup tes informations sur ton séjour en Allemagne car je projette justement d’y aller l’année prochaine.
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Je pense que le livre pourrait plaire à Patrice…
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C’est vraiment drôle car je n’avais pas lu le commentaire d’Eva et je viens de lui dire « Tu as lu le billet de Fabienne, il est vraiment intéressant » :-). Très juste, je ne connaissais pas du tout cet auteur, c’est une vraie découverte. J’étais il y a deux ans à Husum pour des raisons professionnelles, mais à te lire, j’aimerais bien y retourner pour connaître un peu mieux cette région !
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