La longue vue · Elizabeth Jane Howard

Après la saga des Cazalet, j’avais hâte de retrouver Elizabeth Jane Howard.

La longue vue (2024), le deuxième roman de la romancière anglaise Elizabeth Jane Howard (1923-2014) paru en anglais en 1956 et dont la version française datant de 1958 vient de bénéficier d’une nouvelle traduction, est la chronique de l’échec d’un mariage et celle d’une désillusion amère.

Dans ce roman à la construction à rebours fort originale couvrant vingt-cinq ans de la vie de Mrs Fleming, Elizabeth Jane Howard choisit de revenir sur la vie de son personnage principal en débutant par la fin. Le roman s’ouvre ainsi en 1950 sur un dîner organisé pour les fiançailles du fils aîné d’Antonia et Conrad Fleming dans leur maison londonienne du quartier chic de Campden Hill Square. A quarante-trois ans, Mrs Fleming se révèle être une femme certes aisée mais, derrière les apparences policées, malheureuse et désillusionnée, profondément seule et négligée par son odieux mari.

« J’ai été extraordinairement amoureux de toi, autrefois. »

A partir de là, en cinq parties se déroulant successivement à Londres, Saint-Tropez, Paris ou encore dans le Sussex entre 1950 et 1926, Elizabeth Jane Howard dévoile progressivement les dessous d’un mariage malheureux et très bancal en s’intéressant à Mrs Fleming à différentes étapes de sa vie : en tant que mère tout d’abord, puis en tant que jeune épouse, amante, fille et enfin jeune fille. Au fur et à mesure qu’elle remonte le temps, nous plongeons chaque fois un peu davantage dans l’intimité de Mrs Fleming qui devient progressivement Antonia, une jeune femme en pleine construction, mue par ses rêves et ses espoirs. Mais les failles apparaissent et avec elles, le désenchantement.

Ecrit trente-cinq ans avant le premier tome des Cazalet, La longue vue démontre déjà la grande capacité de l’autrice à analyser la condition féminine, à observer de façon très fine les comportements et les sentiments à l’oeuvre dans un milieu social aisé étriqué et dominé par les convenances, les non-dits et les faux-semblants. Bien que La longue vue se caractérise par une atmosphère sombre, triste et désillusionnée, il n’en reste pas moins que le portrait d’Antonia Fleming, femme résignée, moquée et façonnée par ses parents et son mari, est touchant et fort réussi.

Note : 3.5 sur 5.

Elizabeth J. Howard sur le blog : A rude épreuve (2020), Confusion (2021) et La fin d’une ère (2022).

La Table ronde, février 2024.
452 pages

The Long View (1956)

Traduit de l’anglais (UK)
par Leïla Colombier




© Jonathan Wilkins, Pixabay

18 réflexions au sujet de “La longue vue · Elizabeth Jane Howard”

  1. Ce roman vient tout juste d’entrer dans le catalogue de ma bibliothèque. On peut le télécharger depuis hier. Je me demandais justement s’il pourrait me plaire. Je note que tu l’as apprécié.

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  2. J’ai noté ce titre ces jours-ci chez une autre blogueuse. J’ai abandonné le premier tome des Cazalet, à vrai dire je m’ennuyais. J’aurai peut-être plus de chance avec celui-ci.

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    1. C’est drôle que tu en parles parce qu’à vrai dire je lui avais tout d’abord donné 4 étoiles. La demi-étoile en moins est uniquement due au fait qu’après vérification, je me suis rendue compte que j’avais donné 4 étoiles à la saga des Cazalet que j’ai malgré tout préféré. Sachant que je ne donne que rarement des 4.5 et 5 étoiles, 3.5 est loin d’être une mauvaise note 🙂

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