Thésée, sa vie nouvelle · Camille de Toledo

Troisième titre sélectionné pour le Prix littéraire du Festival LàC 2021, Thésée, sa vie nouvelle (2020) de Camille de Toledo ne m’a que très moyennement convaincue.

S’inspirant de la mythologie grecque et de sa propre histoire familiale, Camille de Toledo retrace dans Thésée, sa vie nouvelle, les errances d’un homme, d’un fils et d’un frère, seul survivant d’une famille décimée. Après le suicide de son frère ainé en 2005 et du décès successif de sa mère et de son père, Thésée ressent le besoin irrépressible de fuir. Fuir sa ville et son pays pour se reconstruire et ainsi espérer pouvoir offrir une vie plus stable à ses trois enfants. Dans sa fuite désespérée vers sa vie nouvelle, il emporte trois cartons d’archives.

La fuite comme ultime tentative pour oublier. Oublier une histoire familiale jalonnée de décès tragiques et marquée par d’étranges synchronies. Mais Berlin, la ville de l’Est dans laquelle il a voulu tout recommencer, ne lui apporte pas non plus la paix tant désirée. Treize ans après le suicide par pendaison de son frère, incapable d’oublier et de faire table rase, « le frère qui reste » finit par s’effondrer. Physiquement et psychologiquement.

Persuadé que « la corde vient du passé », Thésée se déclare enfin prêt à se confronter à son histoire et à son passé. En se tournant vers la psychogénéalogie et l’épigénétique, il espère enfin comprendre, trouver des explications à son histoire et une réponse à la question lancinante qui raisonne comme un mantra tout au long du récit:

« Qui commet le meurtre d’un homme qui se tue? »

En ouvrant ses cartons d’archives, il trouve notamment des photos, des lettres et un vieux manuscrit rédigé par l’un de ses ancêtres au début du XXème siècle qui lui permettent, en alliant antiquité et modernité, de remonter son histoire familiale. Il y lit ainsi l’histoire de ses aïeux et redécouvre progressivement son enfance qui se révèle avoir été « bâtie sur du sable mouvant ». Accablé par ses découvertes, il en ressort comme possédé par « une colère généalogique et (une) haine impuissante », convaincu que son malheur et son destin tout entier s’inscrivent depuis toujours dans « la lignée des hommes qui meurent ».

Malgré l’évidente tragédie à laquelle Thésée s’est vu confronté, je suis restée totalement hermétique à sa douleur et à sa quête, et ce pour deux raisons. La forme tout d’abord: si l’absence de points et donc de majuscules, la profusion de points virgules et la mise en page particulière mélangeant textes, images, poèmes et lettres étaient originales et ne m’ont pas gênée, j’ai ressenti une grande froideur dans l’écriture ainsi qu’une absence d’émotions incitant à l’empathie. Le fond ensuite: la tendance de l’auteur à l’auto-apitoiement et son besoin un peu trop manifeste à vouloir régler ses comptes avec ses parents qui ne sont plus là pour se défendre m’ont quelque peu agacée avant de me lasser.

Malgré d’indéniables qualités littéraires, Thésée, sa vie nouvelle ne m’a, sur le fond, pas convaincue. Une lecture mitigée donc mais que je ne regrette pas dans la mesure où j’ai pu découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

Note : 2.5 sur 5.

Mon avis sur les deux premiers titres sélectionnés pour le Prix sont à lire ici et .

Verdier, 256 pages, août 2020. Image



© Jim Semonik / Pixabay

15 réflexions au sujet de “Thésée, sa vie nouvelle · Camille de Toledo”

    1. Si tu l’avais mis sur ta liste d’achats, tu devrais te faire ton propre avis. La bibliothèque est un bon compromis. Les avis sont souvent très tranchés sur ce livre. Pour ma part, je ne peux pas dire que j’ai détesté, mais je suis quand-même loin de pouvoir dire que j’ai aimé… Une lecture étrange.

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  1. C’est un peu déroutant au départ, surtout en début de chapitre, mais on s’y fait assez vite finalement. En même temps, il y a tellement (mais vraiment énormément!) de points virgules qu’on s’habitue à ne plus voir de majuscules. Plus que le style, c’est vraiment le ton parfois très plaintif qui m’a gênée.
    Un livre pas inintéressant dans son genre mais que je ne conseillerais pas.

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